Il s’appelait Cherif Chekatt. Il avait 29 ans, était fiché pour radicalisme et avait auparavant été condamné 27 fois pour des faits de vols et de violence. Le lendemain de l’attentat, son nom et son visage sont apparus dans notre journal télévisé de 19h30. Mais c’est dans la matinée que la rédaction en avait pris connaissance. Pourquoi avoir attendu pour les diffuser ?
"Une photo a circulé dans certains médias le matin et puis on a constaté qu’elle avait été enlevée des sites internet", raconte notre collègue Justine Katz, spécialisée dans les questions liées au terrorisme. "On a contacté des collègues français pour savoir pourquoi. Ils nous ont répondu qu’ils avaient eu une demande des autorités, notamment du Parquet en charge du dossier, de ne pas donner tout de suite ces informations pour pouvoir travailler dans la discrétion dans le cadre de l’enquête en cours". Après réflexion au sein de la rédaction, la décision est prise de suivre la même ligne, jusqu’au soir, quand un avis de recherche officiel est finalement diffusé.
Etre les premiers à diffuser un nom
Autre cas de figure. Dans le cas de la tuerie à Liège, perpétrée le 29 mai 2018, la RTBF avait été la première à révéler le nom de l’auteur, Benjamin Herman. Un scoop qui avait reçu le feu vert du directeur de l’information avant diffusion. "Quand tu as un nom, ça te brûle un peu les doigts, tu as envie de le donner", poursuit Justine. Mais un cas n’est pas l’autre : les précautions ne sont pas les mêmes quand l’auteur a été abattu ou quand il est en fuite. D’autres fois, le fait que d’autres médias donnent déjà ce type d’infos augmente la pression pour en parler aussi. "A ce moment-là, la volonté de discrétion des autorités est déjà brisée puisque ça circule partout… Ça entre dans la réflexion".