Bruxelles

Assurer les cours de gym ou de religion en néerlandais dans les écoles francophones de Bruxelles : "C’est impossible !", estime une directrice

Assurer les cours de gym ou de religion en néerlandais dans les écoles francophones de Bruxelles

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Par Maud Wilquin

Le tronc commun qui existe aujourd’hui jusqu’en deuxième primaire s’étendra à la rentrée prochaine aux troisièmes et aux quatrièmes primaires. Concrètement, cela signifie que tous les élèves, qu’ils soient wallons ou bruxellois recevront le même enseignement… à une exception près : en Wallonie, il a été décidé de garantir deux heures de cours de langue moderne par semaine aux élèves de troisième primaire… contre trois heures à Bruxelles Capitale et dans les communes à facilités. Des heures subventionnées par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le problème, c’est que cela rend les horaires des élèves de Belgique francophone inégaux. Alors pour plus d’équité, le cabinet de la ministre de l’Education Caroline Désir (PS) a imaginé plusieurs solutions. Et l’une d’entre elles fait particulièrement tiquer les directions d’établissements scolaires.

En effet, l’idée serait de "supprimer" une heure de cours de langue pour à la place dispenser un cours d’une heure déjà existant en néerlandais plutôt qu’en français. Il pourrait s’agir du cours de gymnastique, morale, religion, techno ou encore de sciences humaines.

"C’est une idée qui est complètement irréalisable", affirme Laetitia Malisoux, la directrice de l’école primaire autonome René Magritte à Schaerbeek. "On va déjà avoir du mal à recruter des professeurs de néerlandais et là, nous devrons encore trouver quelqu’un qui va devoir donner un autre domaine en néerlandais. Alors là, on dépasse l’entendement." De plus, "les hautes écoles ne forment plus les futurs instituteurs maternels ou primaires en néerlandais depuis des années, même ici à Bruxelles. Ils ne parlent pas néerlandais, donc c’est impossible à mettre en œuvre à moins d’être soi-même bilingue parce qu’on est issu d’une école, d’une famille bilingue."

Et quand bien même un enseignant serait bilingue, il perdrait de l’argent s’il n’avait pas de certification reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui le prouverait. "Donc tant qu’on ne dira pas qu’un enseignant primaire ou maternel qui se propose et qui a les capacités de donner des cours de néerlandais ne garde pas son salaire le temps qu’il se forme, on n’aura pas de candidat", affirme-t-elle.

On pourrait alors envisager d’engager des professeurs flamands ou des néerlandophones qui exercent ou ont exercé un autre métier. Mais là encore, la directrice n’est pas convaincue. "Engager des néerlandophones qui ne sont pas instits diminuera le nombre de postes non pourvus. Mais être un prof chevronné qui va savoir transmettre le néerlandais à nos à nos petits élèves n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas pour rien que l’on passe de 3 à 4 ans de formation", déclare-t-elle. Quant à l’idée d’engager des professeurs tous droits venus du nord du pays, "c’est possible, oui, mais est-ce la solution, non !", tranche-t-elle. "Depuis que les calendriers scolaires ont changé en région francophone, on a perdu déjà des enseignants flamands qui donnaient cours dans les écoles francophones puisqu’ils n’ont plus les congés en même temps que leurs propres enfants. Et il y a aussi une différence salariale, la profession est mieux rémunérée en Flandre qu’en Wallonie ou dans la partie francophone de Bruxelles." Sans compter la pénurie de professeurs que la Flandre subit également.

Une amélioration du niveau des élèves ?

Imaginons cependant que la pénurie de professeurs de néerlandais n’existe pas. Le projet de décret de la ministre discuté ce mardi en Commission Education du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait-il être efficace ? Là encore, la directrice est pessimiste : "C’est juste dire 'on va donner une heure de néerlandais en plus et comme ça on engage des profs de néerlandais que pour deux périodes et pas trois. Mais je suis quasiment persuadé que ça n’apportera rien dans le domaine enseigné et ça n’apportera rien au bilinguisme de nos petits élèves."

Une décision est attendue en plénière le 21 juin prochain.

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