Quand on est enfant on rêve de devenir pompiers, architecte, docteur, archéologue, ou encore, créateur de jeux vidéo. On rêve moins souvent, et c’est dommage, de devenir Assistant Social. Avec Olivier Marchal, sociologue et directeur de la Cité des Métiers de Charleroi, on découvre un métier au cœur des solidarités, celui d’Assistant.e Social.e.
Face aux idées reçues, à celles et ceux qui pensent que ça ne sert à rien et qu’il n’y a pas d’emploi dans le secteur, petit tour d’horizon des secteurs qui emploient des Assistants Sociaux : dans l’Aide Sociale et Familiale ; l’information jeunesse ; les soins à domicile, aux ainés ains qu’aux personnes fragilisées ou porteuses d’un handicap. Déjà beaucoup, mais ce n’est pas tout ! Car on en retrouve également dans l’enseignement, les centres d’orientation, ainsi que dans le secteur de l’emploi, de la formation et de l’inclusion sociale, et jusqu’aux secteurs judiciaire, associatif et culturel.
À défaut donc d’être visible en tant que tel ! L' Assitant Social est là comme véritable médiateur entre les personnes et les instances publiques, ayant pour fonction de contribuer à l’intégration de tous dans la société, en offrant un parcours de services personnalisés.
Quand on fait appel à lui ou à elle, l’Assistant social va analyser la situation et les besoins qui en découlent, en profondeur et dans toute sa complexité, par l’écoute et le dialogue. Besoin de justice, de soins, de sécurité, d’aides (alimentaire, financière, logement, éducation, mobilité, et souvent, il faut le dire, " un peu beaucoup de tous ces problèmes à la fois ".
Et c’est là qu’entre en jeu la fonction essentielle du métier : d’être solutionneur et solutiologue, chargé d’élaborer un parcours d’actions émancipateur visant à régler les problèmes en vue d’une amélioration durable de la situation. Mais également faire évoluer les dispositifs à partir de leurs expériences de terrains et des situations rencontrées au quotidien.
Selon l’institution qui l’emploie, l’Assistant Social travaillera dans des équipes pluridisciplinaires (avec des psychologues, juristes, docteurs, éducateurs), et passera autant de temps dans un bureau que sur terrain.
Un métier au cœur de situation très sensibles.
Les situations critiques sont nombreuses. Conséquences des effets conjugués de l’échec scolaire et professionnel, de l’exclusion économique et de l’effritement des solidarités informelles. Conséquences qui mettent un nombre important de personnes dans des situations inhumaines.
En tant que première ligne, dont on attend des qualités telles que l’écoute, l’empathie et un esprit résolument orienté solution, les Assistants Sociaux sont, en quelque sorte, les soldats de la bataille sans fin pour la dignité. Lorsqu’ils tentent de maintenir des vies en équilibre fragile ; de trouver des solutions pour une personne âgée veuve et en perte d’autonomie ; Elaborer une stratégie pour mettre sous protection une femme victime de violence conjugale, ainsi que ses enfants ; Mettre en place un plan d’insertion pour un jeune sans diplôme, en total décrochage ; ou encore faire preuve d’une capacité de conviction hors-norme, pour convaincre l’équipe d’une structure pénitentiaire d’accorder à titre exceptionnel à un enfant dont le père est emprisonné, le droit de lui offrir le cadeau qu’il a confectionné avec amour à l’école et faire, dans ses bras, une photo souvenir ; les Assistantes Sociales sont sur tous les fronts, " luttant souvent à armes inégales contre les logiques économiques et pour faire entendre la voix de ceux qui n’en ont pas, à ceux qui parlent beaucoup et ne savent souvent rien de la pauvreté ".
Ce métier est donc, par excellence, le lieu de ces petites victoires et autant de miracles qui font la grandeur et la noblesse de toute la profession.
Un métier aux racines anciennes qui a tardé à devenir réalité.
Toutes les sociétés humaines anciennes présentent des traces de relations d’entraides plus ou moins formalisées, au sein des structures familiales, villageoises, clans, quartiers, ou institutions et le tout bien souvent gérées par des femmes. C’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui, en Belgique, où près de 7 Assistantes Sociales sur 10 sont des femmes.
Mais l’histoire du métier et du secteur qu’il incarne, c’est aussi l’histoire d’une tension farouche entre ceux qui voient la pauvreté comme une affaire individuelle et les autres qui, la considérant comme systémique, en déduisent qu’il s’agit d’une " affaire de l’état " chargé dès lors de garantir une égale dignité de vie à tous.
Pour preuve ce discours prononcé en juillet 1849, à l’Assemblée nationale française, par un certain Victor Hugo :
" Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde ; mais de ceux qui pensent et affirment qu'on peut détruire la misère.
Remarquez-le bien, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli. "
Des mots puissants qui mettront cependant près d’un siècle et demi avant de trouver écho dans la loi belge fondant les missions de l’actions sociales, et qui font finalement de Victor Hugo, sans le savoir, l’un des premiers Assistant Social de l’histoire.
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