Justice

Assassinat de Patrice Lumumba : perquisition au Parlement, la Justice belge avance difficilement sur le chemin de la vérité

Arrestation de Patrice Lumumba - décembre 1960

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Par Patrick Michalle

Plus de soixante ans après l’assassinat du Premier ministre congolais Patrice Lumumba, le 17 janvier 1961, la Justice belge veut conclure l’enquête pénale résultant de la plainte déposée en juin 2011 par François Lumumba, le fils de l’ancien Premier ministre. Le 18 janvier dernier, le juge d’instruction en charge de l’enquête a délivré mandat de perquisition pour saisir au Parlement fédéral des documents confidentiels.

Aller plus loin que la reconnaissance d'une responsabilité morale

Commission d'enquête parlementaire Lumumba - 2001
Commission d'enquête parlementaire Lumumba - 2001 © Tous droits réservés

Pour comprendre, un recul de vingt ans s’impose, en 1999, au moment où le livre " L'assassinat de Lumumba ", écrit par Ludo De Witte, formule l'hypothèse de la responsabilité des autorités belges de l'époque, dans la mort en janvier 1961 de Patrice Lumumba.  Il en a résulté coté belge, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire avec au final un impressionnant rapport officiel détaillé et voté au Parlement mais dont les conclusions ont laissé perplexe la famille de l’ancien Premier ministre défunt. On y parlait "de responsabilité morale de la Belgique" ce qui semblait un peu court à la famille du disparu, sachant ce que les travaux de la commission avait permis d'apprendre et de confirmer.

Dépôt de la plainte de François Lumumba par Me Christophe Marchand - 2011
Dépôt de la plainte de François Lumumba par Me Christophe Marchand - 2011 © Belga

Le fils de l'ancien Premier ministre lors du dépôt sa plainte en 2011 indiquait alors clairement ce qui motivait sa famille : "il faut aller plus loin que la reconnaissance d’une responsabilité morale. Nous réclamons, entre autres, que toutes les archives de l’Etat belge soient ouvertes, nous voulons aller au-delà des présomptions" expliquait-il.

Opposition du Parlement à la remise des documents, ils sont placés sous scellés

C'est dans ce contexte qu'avant de conclure son enquête le juge d'instruction a souhaité accéder aux notes d'auditions et aux documents non rendus publics et conservés au sein du Parlement. Visiblement jusqu'à employer tous les moyens de contrainte permis par la loi puisqu'un mandat de perquisition était rédigé. Sur place, la présidente de la Chambre sur recommandation de ses juristes, s'est opposée à la saisie des documents, ce qui a conduit à placer ceux-ci sous scellés dans une pièce du Parlement.  Il appartient désormais à la chambre des mises en accusation à statuer sur le caractère licite ou non de la saisie ainsi que les conditions éventuelles dans lesquelles certains documents pourront être versés dans la procédure pénale.

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