Arrêt du service, rachat d'entreprises… Quand les objets connectés deviennent inutilisables

Faillites, rachats... les menaces qui guettent les objets connectés

© Westend61 - Getty Images/Westend61

Par Am.C.

C’est la tendance depuis quelques années maintenant dans le monde de la haute technologie : prendre n’importe quel objet de tous les jours… et mettre dedans une puce électronique pour le rendre connecté. Une tasse, une brosse à dents, un vélo… désormais, tout est connecté en Wi-Fi ou en Bluetooth et se contrôle grâce à son smartphone. Certains ont même poussé l’idée à l’extrême, voire jusqu’à l’absurde, au point de créer une "patate intelligente" capable de dire ce qu’elle ressent.

Dans l’absolu, pourquoi pas. L’application liée à l’objet permet à l’utilisateur d’en savoir plus sur son mode de vie, ses habitudes, ses déplacements, de commander certaines choses à distance… Mais que se passe-t-il quand l’entreprise qui a créé l’objet connecté fait faillite ? Est rachetée par une autre ? Ou décide tout simplement de cesser la maintenance de l’appareil concerné ?

C’est précisément ce qui est arrivé aux Etats-Unis avec Spectrum, une société spécialisée dans les alarmes et les dispositifs de surveillance. L’entreprise a annoncé récemment qu’elle mettrait fin à certains services à partir du 5 février. "Spectrum appartient à Charter Communications, qui en a hérité en 2016 lors d’une fusion avec Time Warner Cable et Bright House Network", peut-on lire sur The Verge.com. Charter Communications a aussitôt laissé tomber cette activité… et en a informé les clients en dernière minute fin décembre.

Des appareils aussi intelligents… qu’une brique

Résultat : les particuliers qui ont parfois déboursé des sommes importantes pour s’équiper ne pourront plus utiliser leurs appareils. Ceux-ci seront tout simplement "bricked", comme on dit en anglais. Comprenez : empêchés de fonctionner au point d’avoir autant d’utilité qu’une simple brique. "J’ai dépensé presque 900 dollars (environ 800 euros) pour des caméras, des détecteurs de mouvement, des capteurs sur les portes et les fenêtres, ainsi que pour un thermostat", se désole un homme interrogé par la chaîne américaine KSBY.

Techniquement, les appareils en question seront toujours opérationnels. Mais il ne sera plus possible de s’y connecter avec un smartphone ou une tablette. Ce qui les rend tout simplement inutiles. Et pas question de les faire basculer sur un autre système en gardant le même matériel. Dans le cas de Spectrum, les clients peuvent toujours se tourner vers Abode et Ring (qui appartient au géant Amazon). Ces deux sociétés proposent des réductions aux clients de Spectrum... mais ils devront quand même remplacer tout leur système.

Un robot qui annonce sa disparition en dansant

Autre cas marquant : celui du robot Jibo, sorte d’assistant vocal aux airs d’Eve (la compagne de Wall-E dans le film Pixar du même nom). En avril 2019, la compagnie qui l’a créé annonçait la fin de ses activités.

Pour annoncer la nouvelle à ceux qui avaient déboursé près de 700 euros pour s’offrir le robot lors d’une campagne de financement participatif, Jibo a mis les formes. Tous les exemplaires vendus se sont automatiquement mis à danser. Une chorégraphie minimaliste accompagnée de ce message prononcé par la machine : "Peut-être qu’un jour les robots seront plus évolués qu’aujourd’hui, et que tout le monde en aura un chez soi, vous pourrez leur dire bonjour de ma part."

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Les deux histoires ci-dessus ne sont que deux exemples parmi d’autres. Le compte Twitter @internetofshit (littéralement "Internet de merde") répertorie depuis plusieurs années ces inventions qui semblent toutes répondre à la même règle : "Prenez n’importe quoi et mettez une puce électronique dedans". Comme il l’écrit sur le réseau social : "Ça devrait être illégal de tuer des objets connectés sans offrir de remboursement dans les cinq ans qui suivent la sortie du produit." En Belgique, où une loi sur l’obsolescence programmée a été recalée en 2018, une telle mesure ne semble pas à l’ordre du jour.

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Mais le problème est bien plus large. "Personne ne réfléchit vraiment aux produits de l’Internet des objets, ni au long terme, expliquait l’auteur du compte @internetofshit dans une interview au magazine spécialisé Usbek et Rica. Si on parle simplement des standards, on se rend compte qu’ils ne communiquent pas entre eux. Imaginons que vous équipiez votre maison avec plein d’objets connectés gérés depuis votre smartphone sous Android, puis que vous décidiez de passer à l’iPhone… il se passe quoi ? Vous ne pouvez plus contrôler vos lampes ou l’ouverture de vos portes correctement ?" Un cauchemar digne d’un épisode de Black Mirror.

►►► À lire aussi : Quatre choses imaginées par la série Black Mirror qui sont (presque) devenues réalité

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