À l’instar de la rue biélorusse, les réactions de la communauté internationale et particulièrement des voisins européens seront très rapides : le 10 août le Premier ministre polonais appelle déjà à la tenue d’un sommet extraordinaire de l’Union européenne sur la situation en Biélorussie, après les heurts à Minsk. Le jour même, l’ex-candidate à la présidentielle, et qui conteste sa défaite, Svetlana Tsikhanovskaïa est accueillie dans la Lituanie voisine.
La présidente de la Commission européenne et le gouvernement allemand notamment mettent en doute le résultat des élections et le 19 août le président du Conseil Européen, Charles Michel, annonce que l’UE ne reconnaît pas ces résultats. "En termes de soutien à la population biélorusse et de soutien aux forces démocratiques, la réaction européenne a été très rapide", souligne Ekaterina Pierson-Lyzhina. Un soutien qui se limite alors à des manœuvres diplomatiques, à verser des fonds à différentes associations de soutien et à des sanctions très ciblées contre des responsables du régime.
Les sanctions économiques arriveront plus tard, lorsqu’en mai 2021 le régime biélorusse franchit un nouveau palier en détournant un vol Ryanair reliant Athènes à Vilnius pour arrêter un jeune opposant en exil. L’Union européenne s’accorde alors sur une interdiction de vol de son espace aérien par l’aviation biélorusse et surtout sur de lourdes sanctions sectorielles. Les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni suivront.
Aide de la Russie
Mais un autre pays continue, lui, envers et contre tout de soutenir Alexandre Loukachenko : la Russie de Vladimir Poutine. Dès le 15 août 2020, les deux hommes s’entretiennent par téléphone et le président biélorusse annonce avoir reçu l’assurance d’une aide militaire en cas de risque pour "la sécurité du pays". Ils se revoient d’ailleurs un mois plus tard à Sotchi, en Russie, pour conclure "plusieurs engagements militaires" et depuis le président russe n’a jamais lâché son homologue biélorusse.
Mais il est aussi devenu évident au fil du temps que ce soutien était loin d’être total : "Je dis toujours que ce n’est pas un soutien très généreux, parce que Loukachenko n’a reçu qu’un milliard et demi en prêt de Moscou, ce qui n’est pas beaucoup, et continue de payer le prix demandé par les Russes pour le gaz et l’électricité qu’ils reçoivent d’eux", tempère Ekaterina Pierson-Lyzhina.
"Vladimir Poutine aurait préféré une réforme constitutionnelle et que Loukachenko partage ses pouvoirs avec le Parlement par exemple, parce qu’il pense que les partis seraient plus faciles à contrôler", complète-t-elle.
Pour le président Poutine, la crise en Biélorussie est surtout l’occasion de "renforcer l’intégration des deux pays" comme il aime à le dire. En d’autres termes, de renforcer son emprise sur son voisin affaibli.