Le procès de deux religieuses et sept autres femmes poursuivies pour complicité de viols commis par deux prêtres, condamnés en 2019, sur des enfants sourds et muets d'un pensionnat de l'Ouest de l'Argentine, s'est ouvert lundi.
Dans une affaire qui avait secoué le pays du Pape François, les deux prêtres avaient été condamnés à plus de 40 ans de prison pour des abus sexuels et des viols d'enfants âgés de 4 à 17 ans commis entre 2004 et 2006 à l'institut Provolo de Mendoza. Un jardinier a également été condamné à 18 ans de prison.
Sur la base des révélations lors de ce procès de 2019, de nouvelles enquêtes ont été ouvertes et une religieuse paraguayenne de 53 ans, une psychologue, une cuisinière, quatre directrices et la représentante légale de l'institution sont jugées pour corruption de mineurs et complicité.
Une religieuse japonaise de 46 ans est elle poursuivie pour abus sexuels aggravés dans ce procès prévu pour une durée d'environ six mois où plus d'une centaine de témoins seront entendus.
Aucune des prévenues qui comparaissent libres, seule la religieuse japonaise étant assignée à résidence, n'est présente à l'audience qui déroule en visio-conférence, a indiqué une source judiciaire.
"Les familles sont dans l'expectative, c'est comme si un porte s'ouvrait sur de nombreux souvenirs d'une tristesse infinie car rien ne va nous rendre tout ce qui nous a été volé", a déclaré à l'AFP Erica Labeguerie, soeur de Claudia, l'une des victimes aujourd'hui âgée de 27 ans.
Ils ont tout couvert, ils leur ont interdit d'apprendre la langue des signes pour que ça ne se sache pas
Sa famille, comme le reste des plaignants, espère "que la justice sera à la hauteur comme elle l'a été en 2019, car sans ces personnes (les neuf co-accusés, ndlr), rien n'aurait été possible", a-t-elle estimé, les deux prêtres condamnés "n'étaient pas seuls".
Ariel Lizarraga, père de Daiana, la première plaignante aujourd'hui âgée de 29 ans, a déclaré avec insistance que "les faits ont existé, ils sont prouvés".
"Ils ont tout couvert, ils leur ont interdit d'apprendre la langue des signes pour que ça ne se sache pas", a-t-il déploré.
L'institut Provolo, situé au pied des Andes, à Mendoza, à mille km à l'ouest de Buenos Aires, a été fermé en 2016 lorsque le scandale a éclaté.
Ce grand bâtiment en briques au toit vert, fondé en 1995, accueillait gratuitement des élèves sourds et muets d'origine modeste qui étaient internes et retournaient chez eux le week-end.