Pour la première fois depuis sa création en 1817, l’Université de Liège vient d’élire une femme pour être sa rectrice à partir du 1er octobre prochain. Anne-Sophie Nyssen est professeure de psychologie du travail à la faculté de psychologie, logopédie et sciences de l’éducation de l’ULiège. Elle était vice-rectrice dans l’équipe sortante.
Développement durable et numérisation
Qu’elle devienne la première femme élue au rectorat de l’ULiège est important, au moins historiquement, même si Anne-Sophie Nyssen a axé sa campagne sur son programme et son équipe et pas sur le fait qu’elle est une femme. "Oui, je ne l’avais pas mis en avant. Mais bon, c’est indéniable que je suis une femme.", sourit Anne-Sophie Nyssen, "Mais je suis fière que l’Université ait, évidemment, osé faire ce choix. Je crois qu’elle a quand même fait plutôt un choix de programme, d’une équipe et, peut-être, d’une femme aussi, une femme comme chef d’orchestre, en tout cas. Ma capacité de pouvoir rassembler cette équipe-là m’a permis de déposer ma candidature. C’était un élément essentiel : pouvoir m’entourer de personnes qui partageaient mes valeurs et à la fois nouvelles et expérimentées par rapport aux défis que l’Université a. Il y a deux grands défis pour moi. C’est le défi du développement durable : nous devons transformer nos formations pour pouvoir former les étudiants à faire face aux nouvelles questions auxquelles devra faire face la société. Et puis, le défi du numérique : comment l’Université peut également former ses étudiants et le personnel à acquérir les compétences nécessaires pour faire face à la numérisation."
Mobilité
Parmi les priorités d’Anne-Sophie Nyssen et de son équipe figure la mobilité vers le campus du Sart-Tilman : "Nous devons absolument renforcer la multimodalité. Nous avons déjà beaucoup travaillé sur la mobilité. Mais il faut renforcer cela. Nous devons aussi surtout améliorer, je pense, le flux des bus de manière à permettre aux étudiants d’arriver à l’heure et d’avoir encore envie de se déplacer pour assister aux cours.".
La question du retour en ville de certaines facultés est à nouveau sur la table. Est-elle liée à celle de la mobilité ? "Moi, je ne la lierais pas.", répond Anne-Sophie Nyssen, "Je pense que c’est davantage un sens que ces facultés peuvent voir à être de nouveau au centre-ville, la Faculté de Droit à côté du Palais de justice, la Faculté des Sciences Humaines et Sociales au cœur de la cité. Peut-être que ça va diminuer le nombre d’étudiants et d’enseignants qui montent au Sart-Tilman, mais de façon minime. Je pense que ça doit être étudié à la fois en termes de flux mais surtout en termes de locaux, le coût évidemment pour l’Université et puis les avantages pour la ville."
Gouvernance participative
Anne-Sophie Nyssen souhaite instaurer une gouvernance participative : "On est quand même dans beaucoup d’universités encore dans un modèle assez traditionnel, assez hiérarchique. Mon objectif est de faire participer beaucoup plus les facultés, à travers les doyens, qui sont élus, aux projets stratégiques de l’Université. Egalement, à chaque projet qui implique toute une série de personnes, de faire participer les personnes impliquées aux décisions. La première chose que j’aimerais mettre en place, c’est cette écoute, pendant une ou deux semaines, des personnes qui ne se sont pas déplacées pour voter ou des personnes qui se sont déplacées pour voter "à personne". Il y a quand même 8% encore des personnes qui votent "à personne" et j’aimerais bien voir ce qu’il y a derrière ce vote et ces abstentions. Une fois que j’aurais fait ça, on pourra élargir aussi notre vision de ce qui est nécessaire pour le personnel et pour les étudiants.".