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Après les inondations, et si on reconstruisait les zones sinistrées sur pilotis ?

Christophe Nihon

© RTBF – François Braibant

Dans la zone sinistrée de Pepinster, une quarantaine de maisons vont devoir être abattues. Seront-elles reconstruites ? Si elles sont reconstruites, comment le seront-elles ? Les constructions qui viendront éventuellement remplacer les immeubles démolis ne ressembleront pas à ce que les Wallons ont l’habitude de voir dans leurs villages.

Reconstruire sur pilotis ? L’idée de la fonctionnaire déléguée

Mais il faudra bien reloger les gens. Si l’option est prise de reconstruire les zones sinistrées, la fonctionnaire déléguée de la région wallonne avance une idée : pourquoi ne pas reconstruire sur pilotis ? Les Pays-Bas le font, alors pourquoi pas la Belgique ?
"Toute la stratégie de développement territorial doit être revue", argumente Anne-Valérie Barlet. "Il faut avoir plusieurs options sur la table. La construction sur pilotis pourrait être étudiée et constituer une alternative."

Des maisons sur pilotis, le promoteur Christophe Nihon vient d’en construire à Bergilers : "Ces maisons reposent sur des pieux galvanisés. Ces pieux vont permettre de retrouver la qualité du sol pour pouvoir répartir la charge du bâtiment. L’avantage évidemment, c’est que tout est dégagé pour que l’eau puisse passer en dessous. L’eau, il faut la laisser couler, la laisser s’évacuer et ici, en l’occurrence, elle peut passer sous la maison."

Lors d'une crue, les rangées d'immeubles en bord de rivière agissent comme les parois d'une baignoire : elles forcent l'eau à monter. Si vous percez de grands trous horizontaux dans les bords de votre baignoire, l'eau, au lieu de monter, s'étalera dans votre salle de bains. C'est le principe de la construction sur pilotis. Avec ce système, en cas de crue, il n'y aurait pas moins d'eau, mais elle s'étalerait et donc monterait moins. Elle prendrait aussi moins de vitesse et serait moins destructrice.

Changer les habitudes de construction en fond de vallée

"Au temps des Gaulois", renchérit la fonctionnaire déléguée, "les gens vivaient sur des cités lacustres. C’est beaucoup plus intéressant de créer des zones hydrauliquement transparentes, c’est-à-dire qui ne font pas obstacle à l’écoulement des eaux, mais que les gens peuvent habiter."


►►► Béton, digues, égouts : et si l’aménagement du territoire ne laissait pas assez de place à l’eau ?


Construire sur pilotis n’est pas une habitude en Wallonie, même s’il existe des exemples, y compris dans la vallée de la Vesdre. "Ça ne se fait pas encore vraiment", reconnaît Christophe Nihon, "parce que jusqu’à présent, il n’y avait pas de raison ou de catastrophe comme on vient d’en connaître une. Mais c’est possible. Ça n’a rien d’extraordinaire de construire sur pilotis. C’est juste construire en hauteur et ça permet de laisser passer l’eau dessous."

Les pieux galvanisés que montre Christophe Nihon portent la maison, mais sont-ils capables de résister à des troncs d’arbres charriés par une rivière en crue ? "On peut calculer la qualité des pieux et le type de matériaux. Il y a des pieux galvanisés, on peut mettre des pieux en béton, on peut mettre des pieux en acier, on peut avoir toute une série de pieux de diamètres différents et calculés pour résister à toutes les situations."

Dans la zone sinistrée, le bourgmestre de Pepinster répond qu’il est encore trop tôt pour envisager les options de reconstruction ou d’éventuelle non-reconstruction. Philippe Godin est toujours occupé à gérer l’urgence.

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