Belgique

Après l’échec du parc Legoland à Charleroi, retour sur quelques transformations réussies d’anciens sites industriels wallons

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Par Ibrahim Molough

Cela a été annoncé hier, le groupe Merlin Entertainments change de stratégie et renonce à construire un parc Legoland à Charleroi sur l’ancien site Caterpillar.

L’information a été confirmée par Willy Borsus, ministre wallon de l’Économie. "Le groupe a pris cette décision suite à une évaluation complète de ses activités mondiales. Son diagnostic aboutit à une modification de la stratégie qui consiste à privilégier une consolidation des infrastructures existantes (et en cours de construction) plutôt qu’une expansion des activités", précisait le ministre dans un communiqué.

Ce retrait n’est pas le premier que les autorités doivent encaisser. Déjà en 2020, les promesses d’installation du constructeur de voitures électriques chinois ThunderPower avaient volé en éclat… L’histoire semble donc se répéter. Pourtant, ces deux échecs sont davantage la conséquences de choix d'entreprises plutôt que d'une non attractivité du site.

Dans plusieurs autres endroits du pays, la reconversion de sites industriels a connu de beaux succès. Retour sur quelques transformations réussies d’anciens sites industriels wallons.

Des success stories

Anciennement nommé Parc d’aventures scientifiques et de société (Pass), le développement du SparkOH ! sur l’ancien site minier de Crachet-Picquery à Frameries est un symbole de la réussite de la métamorphose d’un site industriel.

"Dans les années 1970-1980, après la fermeture successive des charbonnages, de nombreux anciens sites industriels deviennent des chancres dans une région qui peine à se relever. Au début des années 1990, sous l’impulsion conjointe de la Région wallonne et de l’Union européenne, émerge l’idée de transformer l’ancien site minier de Crachet-Picquery, à Frameries, dans le Borinage, en un lieu de diffusion et de promotion de la culture scientifique, technique et industrielle", peut-on lire sur le site internet du parc.

Aujourd’hui, le SparkOH ! œuvre à susciter des vocations dans la jeunesse sur les thèmes des sciences et technologies, ainsi qu’à diffuser la culture scientifique et technique.

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Du côté de Liège, Pierre Castelain, porte-parole de la SPI, l’agence de développement pour la province, identifie deux projets prometteurs.

La transformation de l’ancien charbonnage de Cheratte est l’un de ces projets. Le site a pour particularité de contenir une Tour Malakoff classée au patrimoine wallon. Par conséquent, se lancer dans une réhabilitation était exigeant. "Nous avons pu le faire grâce à un partenariat public privé car la SPI a établi un dossier mettant en exergue le fait qu’il y avait un potentiel géothermique sous le site, sans compter un potentiel arrêt réseau express liégeois. Sur base de ces éléments, MATEXI (groupe de promotion immobilière ndlr.) s’est lancé dans le défi de réaliser des logements et de réhabiliter la Tour Malakoff après les opérations de dépollutions classiques."

Cheratte : chancre depuis 40 ans, le charbonnage du Hasard devient un éco-quartier mémoriel
Cheratte : chancre depuis 40 ans, le charbonnage du Hasard devient un éco-quartier mémoriel © Tous droits réservés

À Herstal, la revalorisation du site des ACEC est en cours avec l’installation d’un parc d’activité économique, accompagné de logements, de commerces et de services. Le site se trouvant à proximité de l’usine Uvélia, l’unité de valorisation énergétique de la ville, il pourra profiter du projet de réseau de chaleur qui, à terme, bénéficiera aux entreprises et aux ménages.

Une maquette, montrée pour la première fois au Mipim en mars dernier, permet de visualiser le futur des Acec
Une maquette, montrée pour la première fois au Mipim en mars dernier, permet de visualiser le futur des Acec © Michel Gretry

La recette du succès

Selon Pierre Castelain, la réussite de ces projets dépend d’un grand travail d’anticipation : "C’est un grand travail en amont qui est nécessaire pour savoir quels sont les besoins sur le territoire, et donc, à quels endroits on met des logements, à quels endroits on met de l’activité économique. Il faut anticiper au mieux ces questions".

Toujours selon le porte-parole, la deuxième condition de réussite est un partenariat fort entre les acteurs publics et privés. "D’un côté, il faut que les acteurs publics, que ce soit les communes ou la SPI, rendent attractifs les sites à valoriser au niveau économique, mais aussi de la mobilité. Le privé lui, relève le challenge d’investir sur un site sur lequel le public a déjà fait des efforts", explique Pierre Castelain.

Afin de rendre les sites attractifs, la SPI insiste sur le travail de dépollution qui vient avant celui de réhabilitation, indispensable pour convaincre les investisseurs.

La dernière condition à respecter est de ne "pas voir peur du temps long". "Quand vous vous lancez dans de la dépollution et de la réhabilitation, vous partez sur des travaux qui courent sur cinq à dix ans, voire plus. Il s’agit de ne pas se tromper de cible, d’où le travail d’anticipation", indique Pierre Castelain.

Rentable ?

Les emplacements des anciens sites industriels, à proximité de nœuds de communication, qu’ils soient fluviaux et/ou routiers, permet généralement une bonne rentabilité de ces derniers. De plus, selon Pierre Castelain, l’entrée dans une "politique stop béton" réduit les possibilités d’aménagement de nouveaux terrains et oblige à utiliser ce qui existe déjà.

"Quels sont les sites qui aujourd’hui répondent à ces enjeux ? Ce sont des sites qui anciennement étaient des sites industriels et donc c’est là qu’on doit réussir l’équation", conclut le porte-parole.

Extrait du JT du 25/03/2023

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