Les collectionneurs manifestent un regain d’intérêt pour Philip Guston depuis le report de la grande rétrospective que devaient lui consacrer, en juin 2020, la National Gallery of Art à Washington, la Tate Modern à Londres, le Museum of Fine Arts à Boston et le Museum of Fine Arts à Houston. A l’époque, les directeurs de ces quatre grands musées décident de repousser l’ouverture de cette exposition en 2024, par peur que des dessins et peintures reprenant l’imagerie du Ku Klux Klan ne suscitent la controverse. "Nous reportons l’exposition jusqu’à un moment où nous pensons que le puissant message de justice sociale et raciale qui est au centre du travail de Philip Guston pourra être interprété de manière plus claire", déclarent-ils dans un communiqué.
Cette annonce met le monde de l’art en ébullition, et une centaine d’artistes, de conservateurs, de galeristes publient une lettre ouverte dans laquelle ils condamnent fermement une décision jugée "lâche" et "condescendante". Face à l’ampleur de la polémique, les directeurs des quatre musées font machine arrière et annoncent que la première étape de cette grande exposition itinérante ouvrira à Boston en mai 2022.
Cette date coïncide, à quelques semaines près, avec la tenue, le 17 mai, de la prochaine vente new-yorkaise de Sotheby’s dédiée à l’art moderne. "Nile" sera mis aux enchères à cette occasion, aux côtés du tableau "Le Grand Canal et Santa Maria della Salute" de Claude Monet et de "Nu allongé et buste d’homme" de Pablo Picasso. Quelques jours plus tard, ce sera au tour de deux autres œuvres de Philip Guston, "Remorse" et "Studio Celebration", de passer sous le marteau chez Sotheby’s. De quoi relancer le marché du peintre figuratif américain.