Belgique

Après 455 jours de détention en Iran, Olivier Vandecasteele est libre

Portrait d'Olivier Vandecasteele.

© Belga

Nous venons d’apprendre la libération d’Olivier Vandecasteele, emprisonné en Iran depuis 455 jours. Selon nos informations, l’humanitaire belge de 42 ans est sorti d’Iran et a été transféré à Oman hier où il a suivi un certain nombre d’examens médicaux. Il sera de retour en Belgique ce soir et est en route vers Bruxelles où il devrait atterrir dans la soirée à l’aéroport de Melsbroek.

Au total, Olivier Vandecasteele a passé 455 jours en prison à Téhéran. Sa famille a été avertie tôt ce matin de la libération. "Je tiens personnellement à saluer le courage et la force de ses proches" a souligné le Premier ministre dans un communiqué.

Déclaration d'Alexander De Croo sur la libération d'Olivier Vandecasteele (26/05/2023)

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Olivier Vandecasteele a été échangé à Oman contre Assadollah Assadi, un Iranien condamné pour terrorisme en Belgique. L’échange a eu lieu ce matin vers 11 heures. Il a été vu par des médecins. Son état de santé lui permet de revenir en avion, en Belgique.

Le nom de code de l’opération, tenue secrète, était "Blackstone", du nom du juriste anglais qui a prononcé l’une des phrases les plus célèbres du droit britannique : "Il vaut mieux que dix coupables s’échappent plutôt qu’un innocent souffre."

Devenu malgré lui le sujet d’un bras de fer diplomatico-judiciaire entre Bruxelles et Téhéran, Olivier Vandecasteele était détenu en Iran dans des conditions déplorables depuis son arrestation le 24 février 2022. L'humanitaire belge avait été condamné par le régime iranien à 40 ans de prison et 74 coups de fouet pour "espionnage".

455 jours de détention

Après avoir travaillé six ans en Iran où il s’occupait de réfugiés afghans pour le compte de différentes ONG, Olivier Vandecasteele y avait été arrêté le 24 février 2022 alors qu’il s’apprêtait à quitter définitivement le pays. Accusé d’"espionnage" par le régime iranien, le Belge avait été condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet lors d’un procès inéquitable où il n’avait pu disposer d’un avocat de son choix.

Détenu à l’isolement complet, mal nourri, n’ayant accès qu’à des soins sporadiques, l’état de santé d’Olivier Vandecasteele s’était dégradé, selon le comité de soutien qui s’est formé pour obtenir sa libération. "Mentalement, il est à bout. Il a dit ne plus pouvoir supporter les pressions exercées sur lui. La torture psychologique quotidienne et le temps qui s’écoule mettent sa vie en danger" déclaraient ses proches, il y a quelques semaines, en évoquant son état de santé.

Entre Bruxelles et Téhéran, la diplomatie de l’otage

Très vite, Olivier Vandecasteele est devenu un pion dans la politique de "diplomatie des otages" menée par l’Iran. La République islamique utilise en effet la détention d’étrangers comme monnaie d’échange diplomatique. Dans le dossier Vandecasteele, l’Iran a fait pression sur la Belgique pour qu’elle libère Assadollah Assadi, un agent iranien condamné en 2021 à 20 ans de prison par la justice belge pour un projet d’attentat (déjoué) contre l’opposition iranienne prévu en 2018 à Villepinte, en France.

Au cœur de ce dossier, le traité de transfèrement mutuel de prisonniers voté cet été, que la Belgique espérait pouvoir mettre à profit pour obtenir la libération d’Olivier Vandecasteele. Le texte avait toutefois été attaqué en justice par l’opposition iranienne, qui s’opposait à la remise en liberté de l’agent iranien, pointant le danger que représente Assadollah Assadi, considéré comme terroriste.

Suspendu provisoirement en décembre 2022, ce traité a fait l’objet d’un examen auprès de la Cour constitutionnelle. Cette dernière a décidé début mars de rejeter le recours contre la loi d’assentiment au traité belgo-iranien, ouvrant ainsi la porte à un échange de détenus entre la Belgique et l’Iran après de longs mois de négociations. 

Le gouvernement belge a décidé de ne pas recourir au traité de transfèrement conclu avec l'Iran pour obtenir la libération d'Olivier Vandecasteele a précisé le gouvernement belge vendredi après-midi. 

La mise en œuvre du texte aurait eu pour conséquence de laisser le citoyen belge en prison pendant encore des mois. Or, selon les informations disponibles, celui-ci risquait une nouvelle condamnation plus lourde que la précédente, a-t-on indiqué vendredi de source gouvernementale, et ce alors que des ressortissants européens ont été exécutés récemment ou condamnés à mort en Iran.

Finalement, c'est l'article 167 de la Constitution qui a été utilisé dans le cadre de la libération d'Olivier Vandecasteele. Cet article stipule que le gouvernement ("le Roi") dirige les relations internationales. Dans ce cadre, il a été établi qu'il existait une menace imminente, grave et continue pour la sécurité belge. 

Une mobilisation importante

La détention et la condamnation d’Olivier Vandecasteele en Iran ont donné lieu, ces derniers mois, à un important élan de mobilisation en Belgique. Durant ses 455 jours de détention, sa famille et ses proches se sont mobilisés sans relâche et ont multiplié les appels à l’aide. Une pétition appelant à la libération du travailleur humanitaire a récolté plus de 140.000 signataires. Jamais une pétition n’avait obtenu autant de signatures en Belgique.

Dès janvier, le visage d’Olivier Vandecasteele a été vu partout en Belgique. Son visage est apparu sur plusieurs bâtiments officiels et plusieurs rassemblements ont été organisés, dans les grandes villes du pays, dont Tournai sa ville d’origine, mais également à Paris et à Lyon.

C’est grâce à cette vague de solidarité qui s’exprime en Belgique mais aussi à l’étranger que la famille d’Olivier Vandecasteele a tenu bon jusqu’à sa libération. Il y a un mois, sa nièce s’était enfermée pendant 24h sur la Grand-Place de Tournai pour dénoncer ses conditions de détention et protester contre la lenteur de l’avancement du dossier du prisonnier belge en Iran.

O. Vandecasteele : sa nièce s enferme pour 24h

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