A Angleur, Marie-France Muller vit dans sa maison humide avec ses deux enfants, Leila et Yassine.
C'est seulement des mois après les inondations qu'elle est tombée en burn out. Un burn out administratif: "Il n'y a pas de pause pour le moment dans notre tête. On va dormir, on se réveille, et on est directement en mode: je dois téléphoner, je ne dois pas oublier de faire ça. C'est l'épuisement, c'est la fatigue. C'est l'attente aussi qui devient très longue. On se demande quand on va retrouver une vie un peu normale" confie Marie-France Muller, les larmes aux yeux.
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Malgré leur jeune âge, Leila et Yassine font preuve d'une grande maturité. Il n'empêche qu'ils sont tracassés: "Je m'inquiète parce qu'on se demande si on va encore vivre ici longtemps comme ça" déclare Leila, 10 ans. "Est-ce que ça va être vite refait? Est-ce que tout ce qui est assurances, etc, ça avance ou pas? Quand il pleut fort, j'ai peur, on se demande si les égouts vont tout emporter ou si ça va monter comme la dernière fois, si on aura le temps de sauver des affaires cette fois-ci ou pas".
Il faut un suivi sur le long terme
Sur le moment même, les victimes des inondations ont vécu un traumatisme collectif, ce qui a pu les aider dans un premier temps. Pour Etienne Vendy, psychologue, la fatigue et l'anxiété arrivent beaucoup plus tard. Un état qu'il faut surveiller pour ne pas tomber en dépression: "Les sinistrés sont face à des imbroglios administratifs, les assurances, et ça, c'est vraiment extrêmement fatigant pour eux. Je pense qu'on peut dire que le problème n'est plus tant un état de stress post-traumatique pour la majorité de la population, mais plutôt un état de fatigue, voire d'anxiété parce qu'il y a une insécurité quant à la reconstruction. Là, je pense qu'il faut un suivi sur le long terme" conclut le psychologue.
C'est clair, la reconstruction est lente et éprouvante, tant dans les maisons que dans les têtes.