Ces résultats mesurés en laboratoire semblent se vérifier dans le quotidien anversois. L’après-midi est calme à la Free Clinic, une structure qui vient en aide aux consommateurs problématiques. Dans le hall d’entrée, un homme somnole assis à même le sol, un demi-litre de bière forte à la main. D’emblée, Tino Ruyters, le directeur de la Free Clinic nous prévient : " Ici, on accueille des consommateurs avec une addiction très lourde. "
Le public souvent précarisé et marginalisé qui se tourne vers cette association touche en général à plusieurs drogues, parfois depuis très longtemps. Tino Ruyters classe les consommateurs en deux grandes catégories. " Il existe un très grand groupe de consommateurs qu’on peut considérer comme des utilisateurs récréatifs. Ils prennent de la cocaïne lors de fêtes, ou pendant le week-end. Et il y a un plus petit groupe de consommateurs problématiques. On a le sentiment que le groupe d’utilisateurs occasionnels augmente. " Le nombre de consommateurs problématiques lui semble plutôt stable.
Robin Fernandez partage ce sentiment. Il est travailleur psychosocial à la Free Clinic et rencontre quotidiennement des consommateurs. " Je crois que c’est plutôt le nombre d’utilisateurs occasionnels qui est en augmentation ". Robin Fernandez n’hésite pas à parler d’une forme de banalisation de la consommation de cocaïne. " Quand quelqu’un dit qu’il va prendre une ligne de coke, avant, ça aurait suscité des réactions. Maintenant, beaucoup moins, je pense. Je peux difficilement m’exprimer au nom de toute la société, mais quand j’entends parler les gens de coke, c’est comme s’ils allaient fumer une cigarette, boire un café ou un cola. " Au fil du temps, la cocaïne a pris de plus en plus de place, d’après les observations du directeur, Tino Ruyters. " Il y a quelques années, la plupart des questions posées à notre point d’information concernaient le cannabis. Il y a eu un glissement. Aujourd’hui c’est la cocaïne qui a remplacé le cannabis comme premier produit de préoccupation. "