Antoine Wauters et "Mahmoud ou la montée des eaux", Prix Marguerite Duras 2021 pour une lecture qui bouleverse

Dans ce roman en vers libre, Antoine Wauters fait entendre la voix de Mahmoud Elmachi, un ancien professeur d’école, mais surtout un écrivain, et un poète syrien.

Elmachi est un vieil homme, à cheval entre le sage et le fou. Il s’est installé dans son cabanon au bord du lac Tabqa dans lequel il a pris l’habitude de plonger, chaque jour. Ce lac de barrage a englouti son village, et quand il est sous l’eau entre les algues et les bancs de poissons, il retrouve le café, la Mosquée, les rues qui l’ont connu..

Double plongée, dans les eaux noires du lac et dans la mémoire, celle de son passé à lui, de sa vie pleine de joies et de drames, et celle de son pays en guerre.

Pour le lecteur, plongée dans une langue vibrante et poétique.

Mahmoud Elmachi est un personnage de papier, et comme le dit l’auteur : "j’ai employé la poésie des autres pour créer la figure de Mahmoud Elmachi". On rencontre les mots d’Amos Oz ou de Sohrab Sepehri. Pourtant la poésie d’Antoine Wauters est palpable aussi dans le récit de cet homme, celui de sa vie détruite à l’image de son pays. Un récit qui retrace sans hâte et dans une beauté et un lyrisme presque déroutants, son histoire et celle de la Syrie.

Tout au long du livre, Mahmoud s’adresse à sa femme Sarah, la mère de ses trois enfants disparus, Nazifé, Salim et Brahim, sans doute parti combattre pour la liberté, mais dont il n’a plus de nouvelles. Il semble pourtant se parler à lui-même, comme un long soliloque intérieur.

Retrouvez tous les podcasts du Moment poésie d’Adèle sur Auvio.