Pour venir à bout du Coronavirus, il n’y a pas que les vaccins, il y a aussi les traitements. Et de ce côté, des espoirs reposent sur les anticorps monoclonaux. Ce sont des anticorps produits en laboratoire et qui réduiraient nettement le risque d’hospitalisations ou de décès. Le traitement, qui n’est pas encore approuvé par l’Agence européenne du Médicament, a récemment été testé avec succès à Bruxelles, sur une patiente atteinte du Covid-19. Rosetta Grispino-Orlando a été greffée du rein le 17 février. Depuis, elle vit sous immunosuppresseur. Son immunité est maintenue très basse pour ne pas rejeter son greffon. Cela impliquait de nombreuse précaution à prendre par son époux Pasquale : "Dès qu’elle est rentrée à la maison je mettais des gants pour ne pas l’infecter", témoigne son époux Pasquale.
Bloquer la protéine Spike
Mais malheureusement, le 1er avril elle est testée positive au coronavirus. Elle a une chance sur trois de développer un Covid grave. Son médecin lui propose alors un traitement d’anticorps monoclonaux, gratuitement et à titre expérimental. "Ce sont des anticorps qui sont développés à partir de cellules de personnes qui ont développé elles-mêmes des anticorps contre le Covid. Ces anticorps s’attachent à deux endroits différents de la protéine Spike, cette protéine qui permet au virus de rentrer dans la cellule. Une fois que cette protéine est bloquée par les anticorps, le virus ne peut plus entrer dans les cellules elles-mêmes", explique le professeur Karl Martin Wissing, néphrologue à l’UZ Brussel.
La difficulté, c’est qu’il faut administrer ce traitement très tôt dans la maladie et qu’il n’est pas autorisé en Belgique. "J’ai donc fait appel à la firme qui produit ce médicament, elle m’a mis en contact avec des collègues en Allemagne, où une réserve stratégique de plusieurs milliers de doses avait déjà été achetée. La collaboration a été extrêmement efficace et raide, puisqu’ils ont obtenu l’accord du gouvernement allemand dans les 24 heures. Et on nous a envoyé le traitement", ajoute le médecin.
Résultat : en 24 heures à peine la fièvre disparaît. Et aujourd’hui Rosetta Grispino-Orlando va parfaitement bien : "Je suis la preuve vivante que je suis normale, tranquille à la maison. Après 35 à 40 minutes de Baxter je suis là alors que j’avais le Covid".
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Sur le plan scientifique, rien ne prouve que ce soit le traitement qui ait rétabli Rosetta. Mais ses médecins le pensent. Reste que traitement par les anticorps monoclonaux coûte cher : 2000 euros par patient, et qu’il doit encore être autorisé sur le marché. C’est ce que souhaiteraient des nombreux médecins pour leurs patients immunodéprimés.
Un énorme espoir
Interrogé par la RTBF, l’immunologue Michel Goldman (ULB) estime que ce traitement représente "un énorme espoir, pour autant qu’il soit administré très tôt après l’infection. Voire juste avant pour les patients à très haut risque de développer un Covid sévère, en particulier des patients dont le système immunitaire fonctionne mal. Ces patients répondent souvent très mal, voire pas du tout au vaccin. Si on ne veut pas laisser au bord du chemin ceux qui ne peuvent pas bénéficier des vaccins, il est très important que notre pays, à l’instar de ce qu’à fait la France, l’Allemagne et l’Italie, offre cette opportunité le plus vite possible face aux difficultés que l’on connaît pour le déploiement des vaccins". Il ajoute que l’Académie de Médecine "prend position pour inciter nos autorités à accélérer le processus" de négociations en cours afin de résorber le retard de la Belgique par rapport aux pays voisins. Il faut "passer commande parce qu’il va y avoir une sorte de compétition entre les pays".