L’éloignement, le confort du chalet et du feu dans l’âtre, rien de tel pour réenclencher l’envie de créer. "Depuis l’album précédent, on sentait que quelque chose devait changer dans le processus de création. On avait écrit quatre morceaux ensemble sur l’album précédent mai, pour celui-ci, on s’est dit qu’on voulait faire l’expérience sur l’entièreté d’un disque. Prendre un peu de distance pour revenir avec l’envie de l’autre, de son regard, de son apport. C’est très important de s’éloigner de temps en temps, de faire un pas de côté. Le processus était naturel, assez calme, l’impression que le temps n’existait pas, l’endroit était idéal aussi. En un sens rien d’autre n’était important, on a vraiment réussi à construire une bulle confortable autour de nous."
Un disque construit en huis-clos donc, sans le regard extérieur d’un Rick Rubin, qui avait, par exemple, supervisé l’album précédent: "L’envie était de reprendre la main, un vrai retour par rapport a ce qu’on faisait au début, simplement jouer de la musique dans notre chambre. La difficulté, c’est de laisser l’autre s’emparer de la chanson, de décider qui prend la direction et se laisser guider quand ce n’est pas toi qui contrôles. C’est une sorte de danse. On s’adapte à l’autre et on apporte chaque fois quelque chose de différent, chacun à notre manière".
"Jouer de plusieurs instruments permet de varier la façon d’entrer dans une chanson. Pour cela, on se complète bien et la direction des choses arrive naturellement si l’entrée nous séduit. Il faut juste accepter de se laisser guider par l’autre et ce n’est pas toujours simple."
Routes complices
De cette expérience, Angus dit retenir encore des choses nouvelles sur sa frangine, des mécanismes, des traits de caractères insoupçonnés. "C’est incroyable comme elle est devenue sans filtre avec moi, j’apprends tous les jours de cette franchise", avoue-t-il.
Une complicité qui les portera bientôt à nouveau sur les routes, à la rencontre d’un public curieux et impatient. " Jouer en Europe, c’est tellement dingue pour nous ! Conquérir un nouveau public, c’est terriblement excitant ! Décider de la liste des morceaux que l’on va jouer est toujours un peu compliqué parce que, moi, j’ai toujours envie de jouer les nouveaux morceaux mais le plaisir est presque aussi grand de sentir la joie du public quand on joue un vieux titre qu’ils attendent… ".
Comme quand ils entament "Yellow Brick Road", cette pièce magique de plus de sept minutes qui irradie sur le deuxième opus, sorte d’hymne à la gloire de la guitare et de son pouvoir d’évasion. Gageons qu’Angus ne se privera pas de cette formidable bulle introspective lors de leur passage à Forest le 12 octobre. A ne pas rater, évidemment !
François Colinet
En concert le 12 octobre à Forest National