Le sous-titrage permet un meilleur éveil linguistique
Ce "deux poids, deux mesures" renvoie à nos missions de service public et à nos obligations vis-à-vis de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui a la tutelle sur la RTBF. "Cette règle, nous l’avons spontanément proposée lors de la confection du dernier contrat de gestion, contextualise Bruno Clément, le rédacteur en chef du JT. Le but est d’éveiller nos téléspectateurs au néerlandais et à l’anglais. Le sous-titrage permet un meilleur éveil linguistique, car avec le doublage, on entend à peine la langue d’origine."
Les journalistes du JT s’autorisent une seule exception à cette règle. "Si on reçoit un extrait d’interview en néerlandais moins d’une heure avant sa diffusion, explique Bruno, on double. Dans ce cas, l’urgence le justifie, car le sous-titrage prend beaucoup plus de temps que le doublage."
Avant, on sous-titrait quand on trouvait une voix jolie
La nouvelle règle instituée en 2019 a le mérite de la clarté, selon Wahoub Fayoumi, journaliste à la rédaction internationale. "Avant, il n’y avait pas de règles. Dans les faits, on doublait quasiment tout le temps. On sous-titrait au cas par cas, quand on trouvait une voix jolie ou une expression intéressante, par exemple."
Cette attention portée à l’apprentissage de l’anglais et du néerlandais via le sous-titrage, on la retrouve de l’autre côté de la frontière linguistique. Certains médias flamands vont même plus loin en ne traduisant pas les propos d’intervenants francophones. C’est le cas de Radio 1 (VRT) ou de Bruzz, le média des Flamands de Bruxelles.
Mais revenons à la RTBF, où le déclenchement de la crise sanitaire et la généralisation du télétravail en mars 2020 ont modifié pour quelques mois la nouvelle règle. Du jour au lendemain, les journalistes n’ont plus eu accès aux cabines de sonorisation et se sont donc mis à sous-titrer tous les propos étrangers, qu’importe la langue.
"Mais, des gens se sont plaints à la rédaction du JT du fait que cela les perturbait de lire et d’écouter en même temps", explique Wahoub. "Il s’agissait surtout de personnes malvoyantes qui n’étaient pas contentes, précise Caroline Hick, responsable de la rédaction internationale. Quand tu sous-titres du lingala ou du portugais, c’est évidemment encore bien moins compréhensible que du néerlandais ou de l’anglais." La règle en vigueur avant la crise sanitaire a donc été rapidement rétablie.