La militante américaine Angela Davis débat ce lundi soir au Cirque Royal à Bruxelles avec des groupes de jeunes, des artistes, des mouvements citoyens et des associations militantes devant un public de 1700 personnes.
Lors d’un échange de questions en amont, elle a notamment questionné les avancées, quand "le progrès et la lutte contre le racisme sont généralement passés par l’intégration et l’assimilation, qui souvent coopèrent avec les principes de la suprématie blanche".
"On pense que l’unité est possible quand on met de côté nos différences, quand on transcende nos différences, mais je me demande, comme d’autres bien sûr, qu’en est-il de la possibilité que nos différences puissent nous réunir ?", s’est-elle interrogée. "Nos différences pourraient être la glue qui nous tient ensemble. Cela contredit l’idée qu’on doit tous être les mêmes pour s’unir dans une société raciste…"
Au lendemain des élections présidentielles en France qui ont vu le parti de Marine Le Pen recueillir 41% des suffrages, elle a fait part de ses inquiétudes quant à la montée de l’extrême droite en Europe. "Cela me rappelle comment Trump a été élu", a remarqué Angela Davis. "Le glissement vers l’extrême droite me fait penser ce qui se passe dans le parti républicain, ou encore au Brésil avec Bolsonaro… A ce moment de la crise climatique, la capacité d’attractivité des partis d’extrême droite est je trouve un très mauvais signe". Quant à la mobilisation des jeunes sur cette problématique et d’autres, elle a fait valoir que la jeunesse a toujours été en première ligne des changements de société.
"Je pense que les dépenses dans l’expédition spatiale de milliardaires, comme Elon Musk ou Jeff Bezos, sont le signe que des ultra-riches considèrent aujourd’hui l’éventualité de coloniser d’autres planètes et de ne pas se préoccuper du futur sur cette planète des êtres humains et des autres formes de vie", s’est inquiétée la figure des droits civiques.
Sur la guerre en Ukraine, elle a estimé souhaitable qu’un réel mouvement pacifiste émerge à nouveau pour prendre en compte les questions complexes autour de la résurgence d’un conflit avec la Russie en Europe et des politiques de réarmement des pays.
"La lutte des personnes sans-papiers est sûrement la plus importante des luttes au monde aujourd’hui, car la quête des organisations qui défendent leurs droits remet en question les frontières des États-nations qui ont été dessinées en relation avec le colonialisme", a encore relevé Angela Davis. "Comme nous vivons dans l’après-esclavage, nous vivons toujours dans l’après-colonialisme". Comme sa mère lui a appris à le faire, elle a appelé le public à imaginer un monde qui ne soit pas dessiné par le capitalisme et les frontières, afin de se fixer des objectifs pour atteindre un futur meilleur.