Open d'Australie

Andy Murray, l’immortel

Andy Murray, l’immortel

© AFP or licensors

Par Antoine Hick

Un dernier revers balancé au bout de l’effort pour braver la nuit australienne. Il n’est pas si bien placé que ça, ce revers. Un peu trop central, pas assez puissant. Mais au bout de six heures de jeu, il en deviendrait presque létal. Epuisé par l’effort, Thanasi Kokkinakis ne peut rien faire. Il est battu. Jeu, set et match, Andy Murray.

Le public australien est debout. Euphorique, peut-être conscient que le match auquel il vient d’assister risque méchamment d’entrer dans l’histoire. Pourtant, il est 4 heures du matin. Pas une heure pour jouer au tennis, normalement. Mais Andy Murray ne fait jamais les choses comme les autres. Et il a embarqué le malheureux dindon de la farce Kokkinakis dans ses folles aventures.

Pourtant, pendant longtemps, on a cru ne jamais en arriver là. Parce qu’il était sacrément coriace, ce Kokkinakis. Service surpuissant, coup droit monstrueux, il régale son public d’un tennis impeccable pendant plus de trois heures. 6-4, 7-6, 5-3, il a déjà l’occasion de plier l’histoire. Au service, il passe même à deux points du match.

Un coeur gros comme ça

Mais il ne concrétise pas. Parce que de l’autre côté du filet, ce n’est plus un simple joueur de tennis qu’il a en face de lui. C’est une machine à renvoyer les balles. Héroïque en défense, Murray est partout. Il s’arrache, court, renvoie les balles comme il peut. Mais ça marche. Et là où, dans un passé pas si lointain, c’étaient ses jambes qui le portaient, là c’est son cœur. Son envie. Enorme. Puisée loin, très loin.

Murray contre-breake et empoche la manche au tie-break. 2 sets à 1, un nouveau match peut commencer. Le Britannique le sait, le fameux momentum, l’ascendant psychologique, est désormais dans son camp. Et ça, il s’en délecte sans doute mieux que quiconque sur le circuit.

Les minutes défilent, l’ambiance devient presque irrespirable. Mais Murray tient bon. Et il empoche le 4e set au terme d’un combat titanesque (1h11 !). La suite vous la connaissez désormais. Murray ira jusqu’au bout du match le plus long de sa carrière pour terrasser le local de l’étape, Kokkinakis.

Il peut lever les bras. S’époumoner, crier, jubiler. Le voilà au 3e tour après plus de 10 heures de jeu en deux matches. Héroïque performance d’un gars de 35 ans qu’on pensait fini pour le tennis il y a quelques mois à peine.

Il nous aura (encore) fait taire. Comme souvent. Parce que si Roger Federer c’est la grâce, Rafael Nadal la puissance et Novak Djokovic la polyvalence, Andy Murray c’est le cœur.

On avait parfois trop tendance à l’oublier lors de sa 1e carrière. Lui, l’éternel mouton noir d’un Big Four dont il était le plus décrié des représentants.

De Big Four, il n’en est plus question. Parce que Murray a désormais entamé sa 2e carrière. Celle où plus rien n’est impossible. Parce que de la pression, ça fait longtemps qu’il n’en a plus.

 

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