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Andenne : des coulisses agitées

Philippe Rasquin, président d’Andenne

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Par Philippe Bughin

Andenne traverse une période compliquée dans le championnat de l’élite provinciale namuroise. Le club, qui cherche par ailleurs un nouveau patron n’a plus envie de reculer dans la hiérarchie. Dans l’entité, Namêche est en danger de survie.

Avec ses vingt-huit mille habitants, Andenne est, en compagnie de Sambreville la deuxième entité la plus peuplée de la Province de Namur. Au cours de son histoire, le premier club de la Ville, le RCS Andennais a disputé quarante-cinq saisons dans les divisions nationales, dont deux dans l’antichambre de l’élite pro, la plus haute division que les Rouge et Noir aient, un jour atteint.

En période moins heureuse, les Oursons ont parfois disputé le championnat de troisième provinciale, soit le huitième niveau hiérarchique en Belgique.

Entre Namur et Liège, pas bien loin de Huy, le club a notamment vu jouer sous ses couleurs des noms comme Corneille Baudine, Claudy Chauveheid, Raymond Corbaye, Jean Dachelet, Marc Grosjean, Donatien Kimoni, Edgard Mathot, Jean-Jacques Missé Missé ou encore Philippe Rasquin.

Ce dernier s’est retrouvé plus tard, soit au début des années 2010 comme un des premiers gestionnaires d’une association sportive qui avait, entretemps fusionné avec les voisins de Seilles et Coutisse.

Dans une bonne année, il y aura même cinquante ans qu’Andenne était champion pour la dernière fois en série nationale. En 1974 très exactement, un des clubs de cœur du journaliste Roger Laboureur fêtait la première place en promotion D.

Cette époque-là sera encore au cœur des conversations des nostalgiques souvent réunis en petit comité, côté ancienne tribune couverte debout le dimanche après après-midi au stade Julien Pappa.

Car à quelques mois du départ annoncé du président Philippe Rasquin, le matricule 307 se demande s’il parviendra à se maintenir au sein de l’élite provinciale en avril prochain.
A mi-championnat et si l’on tient compte de la possible rétrogradation de série nationale des Fagnards de Couvin-Mariembourg, Andenne figure dans le trio de descendants de l’élite vers la deuxième provinciale.

Acceptable pour une ville de cette envergure ? Question de points de vue bien sûr, mais lorsqu’on découvre les coquettes installations du centre-ville, avec ses 2500 places possibles mais aussi l’état des comptes, on se dit que descendre à nouveau une marche serait du gaspillage.

Oui, le club serait peut-être mieux oxygéné encore en formant une plus grande association avec les voisins de Petit-Warêt, Sclayn et Namêche par exemple. Il y gagnerait en forces vives et en terrains déjà. Mais les esprits de clocher sont tenaces là aussi, et chacun veut d’abord rester maître dans son village.

Alors voilà, faute de bras surtout et donc aussi de sang neuf, l’idée de Philippe Rasquin et ses proches collègues, Dominique Cuvelier et Dominique Dheur en tête est de retrouver un repreneur avant la fin de ce championnat. Ces derniers jours, des contacts appuyés ont été noués avec Ousmane Sow, l’homme fort de Durbuy, actuellement lanterne rouge de la D3 acff.

Cette semaine encore, une réunion de mise en relation et de détails d’un projet doit avoir lieu en compagnie de l’incontournable bourgmestre Claude Eerdekens. Est-on sur un bon chemin ?

Il y a le pour et le contre bien sûr, mais en attendant les candidats repreneurs ne se bousculent pas au portillon.

Benjamin Falise, à la rescousse, saison terminée pour quelques cadres

Benjamin Falise se prend au jeu dans son nouveau rôle d’entraîneur principal.

L’issue des négociations de coulisses n’est pas le premier souci de Benjamin Falise, 38 ans, nouvel entraîneur maison. Le citoyen de Donceel, promoteur immobilier dans la vie de tous les jours est arrivé dans la cité des Ours l’été dernier pour regoûter aux joies du ballon rond.

Cela faisait en effet six années que l’ancien joueur de Tirlemont en D2, mais aussi d’Hamoir, Aywaille, Verlaine ou Momalle n’avait plus participé à un championnat de l’Union Belge.

Arrivé à Andenne par l’entremise de Pierre Coonen, l’arrière gauche de Momalle, ancien Andennais lui aussi, Benjamin Falise n’aura été titulaire que trois petites rencontres sur une bonne moitié du championnat de l’élite. En cause, un accident de voiture sur l’autoroute le soir de l’ouverture de la compétition à Loyers, puis un genou blessé et ensuite encore, une entorse de la cheville, corsée d’une déchirure ligamentaire.

"J’aimais bien discuter tactique en après match et entraînement avec l’entraîneur Dominique Cuvelier. Et puis gérer l’humain n’a jamais été pour me déplaire. J’ai quand même une équipe de quatorze personnes à conduire chaque jour dans mon entreprise.
L’ancien adjoint de Marc Grosjean à La Louvière avait capté tout cela. Je n’ai donc été qu’à moitié étonné lorsqu’il m’a dit de reprendre le groupe au soir d’une défaite à domicile face à Flavion-Morialmé. Dominique était très fatigué mentalement, il lui fallait prendre du recul non pas avec le club mais avec le noyau A. J’avais déjà dû prendre en mains quelques séances en semaine pour lui permettre d’observer le comportement des uns et des autres, mais cette fois, toute la responsabilité sportive était sur mes épaules. J’en ai parlé en famille, j’ai dormi une nuit dessus et puis je me suis dit, on fonce…"

Les quatre premières rencontres qui se présentaient au nouveau coach andennais et à son noyau A se nommaient Spy, Condrusien, Biesme et Loyers, soit quatre formations du top 5.
La perspective du zéro sur douze avant la fin 2022 trottait dans certains esprits. "C’était compréhensible, reprend notre homme. L’équipe a la plus mauvaise défense de la série, et n’a pas trois joueurs qui peuvent faire basculer une rencontre à eux seuls. Par ailleurs, dans ce genre de situation, le mental peut vite en prendre un coup en cas de but vite concédé."

Quatre semaines plus tard, le bilan est de trois sur douze à la faveur des quatre rendez-vous en question. "Ce n’est guère folichon, mais en même temps, c’est mieux que le zéro point qui nous était quasi programmé. Il y a eu du bon, voire du très bon face à Spy, renversé 2-0. Revers de la médaille, au moment où le championnat prend la pause pour les fêtes de fin d’année, nous sommes descendants et surtout, je perds définitivement le capitaine Bastien François, en conflit avec la direction pour un souci financier, Florent Mas, déçu de son temps de jeu, Augustin Rigo, blessé au genou et prochainement opéré. Il y a aussi de grandes chances pour que je ne puisse plus compter sur le milieu récupérateur Rami Benothman, touché aux adducteurs. A chaque fois, ce sont quand même des joueurs qui ont leur place dans une formation de l’élite."

Les anciens pros Christian Landu Tubi et Maxime Cosse parmi cinq nouveaux visages

A 38 ans, Christian Landu Tubi devient le joker de luxe d’Andenne.
A 38 ans, Christian Landu Tubi devient le joker de luxe d’Andenne. © BELGA

Grand ami du Diable Rouge et joueur de Westerlo, Nacer Chadli, Benjamin Falise peut aussi compter sur un bon réseau de connaissances liégeoises. Lorsqu’il apprend il y a trois semaines que la deuxième provinciale de la Jeunesse sportive Liégeoise (P2B) a mis la clé sous le paillasson, il y a déjà plus de quinze jours que ses joueurs sont devenus libres. Et comme c’est le cas pour Rachid Farssi, (ex-Dison et Westerlo), beaucoup ont déjà trouvé chaussures à leurs pieds ailleurs.

Mais il reste quelques belles opportunités à considérer. Celle menant à Christian Landu Tubi, 38 ans en est une. L’ancien centre avant pro congolais de Malines, Courtrai, Mons, FC Brussels, TB Berlin, Epanomis a certes pris un peu d’embonpoint et les jambes sont devenues un peu plus lourdes, mais l’option est de l’attirer à Andenne comme joker de luxe.

Il est là pour disputer à fond les dernières trente minutes d’un match et si possible faire pencher encore la balance à ce moment s’il le faut. "Grâce à Christian, j’ai aussi pu recruter à Andenne Hervé Mutanda Mbuyi, un défenseur central de 37 ans, sorte de pitbull dans son secteur de jeu, passé par différents clubs de la provinciale liégeoise mais aussi par l’ancienne promotion. Et puis, la disparition de la JS Liège m’a aussi permis de prendre chez nous, Johnny Tshotshia Kitoko, un milieu de terrain de 24 ans. Ce dernier s’est déjà entraîné quatre fois, mais il aura peut-être plus de difficultés à s’imposer en P1. Evidemment, c’est à lui de me prouver le contraire."

A ces trois nouvelles têtes, il faut en ajouter encore deux autres, dénichées ces derniers jours. Ici aussi, il fallait recruter des joueurs non affiliés. Car pas question comme en séries nationales de compter sur un mercato d’hiver avec des contrats semi-pros.

Benjamin Falise entre ainsi en contact avec le centre-avant Maxime Cosse, 31 ans en mars prochain, lancé à Seraing United, puis Tirlemont et le Patro Eisden, avant de devenir pro à Oman et en Bulgarie. Au lendemain d’une pige au RFC Huy en juillet 2020, Maxime restait sans club car il avait décidé de se consacrer au commerce de voitures d’occasion.

Le défenseur ou milieu défensif David Sciullintano a aussi 31 ans et était libre depuis un exil avec son épouse à l’Ile de la Réunion. Cet ancien joueur de Tilleur et Herstal, champion avec Warnant en D3 acff doit à présent attendre jusqu’au 15 janvier 2023 pour être qualifié en championnat d’équipe A avec Andenne. Pour peu que ces deux-là retrouvent du rythme, ce seront à n’en pas douter de réels plus pour l’équipe namuroise. "Restons prudents car une remise à niveau, cela prend du temps, tempère le jeune entraîneur des Oursons. Et puis, j’attends de la disponibilité aux entraînements pour revoir leur vrai visage. Nous avons toutefois convenu que leur vie professionnelle restait aussi une priorité. On verra s’ils se prennent au jeu."

Namêche ne joue plus jamais chez lui

Dans l’entité d’Andenne, la question de la survie des Oursons en première provinciale ou de leur future nouvelle direction n’est pas le seul dossier foot qui alimente les conversations. Depuis quelques mois déjà, les deux équipes premières de Namêche, mais aussi la Réserve et les vétérans sont devenues personna non grata sur le territoire communal. La faute, semble-t-il à une cohabitation difficile entre ce club et celui de baseball féminin supposé partager les installations de la rue Sous Meuse.

"Nous ne devions pas être dans les installations un jeudi soir de la fin de l’été passé, raconte le CQ Teo Demortier. Mais nous avions demandé au délégué qui s’occupait de la section féminine de baseball à pouvoir prendre une douche sur place une fois notre jogging terminé. Nous avons eu son aval, mais dès le lendemain, notre passage par les installations namêchoises a fait des vagues. On nous a dit en haut lieu que s’exhiber en slip devant les filles était inadmissible. Je peux comprendre, mais la situation a été grossie. C’était sans doute la goutte qui a fait déborder le vase. Quand nous avons voulu retourner sur place les jours d’après pour un match de championnat, les serrures avaient été changées. Notre présidente Jacqueline Lapierre n’a pas voulu s’opposer au bourgmestre M.Eerdekens. Nous sommes devenus les moutons noirs de l’entité. Nous avons été hébergés par Natoye, Ham sur Sambre et Andoy pour quelques matches à la maison lors du premier tour.

Mais le découragement gagne du terrain chez les joueurs. Nous ne sommes plus très loin d’un forfait général forcé tant du côté de l’équipe A que l’équipe B de Namêche. Financièrement, cette décision fait aussi très mal. On ne peut pas creuser le passif indéfiniment".

On l’a compris : les matches ne se joueront pas que sur le terrain début de l’année 2023 à Andenne.

Laurent Demol, nouveau T1 de Saint Ghislain Tertre Hautrage

Laurent Demol redevient coach principal à Tertre-Hautrage Saint Ghislain.
Laurent Demol redevient coach principal à Tertre-Hautrage Saint Ghislain. © Tous droits réservés

Comme nous l’évoquions la semaine dernière, pas mal de clubs de D2 et D3 acff se démènent pour aborder 2023 avec un effectif renforcé. Actuellement en fâcheuse posture en D3 acff série A, Couvin-Mariembourg vient de rapatrier de la Jeunesse Tamines, une formation namuroise de la même série l’attaquant français Patrick Pratz, 34 ans en mars prochain.

Dans le même temps, le défenseur central guinéen Sory Kaba, 24 ans arrivé de Bogny sur Meuse l’été dernier a décidé de quitter les Fagnards. Il s’entraîne aujourd’hui avec l’équipe B de Sedan.

Toujours en D3 acff série A, Tertre Hautrage Saint Ghislain a à nouveau changé d’entraîneur ces dernières heures : Laurent Demol, 51 ans (ex-Tubize, RWDM, Mouscron), qui était encore en fonction à Renaissance Mons en septembre dernier est le nouveau T1 du club borain.

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