Du côté des entreprises qui n’ont pas encore franchi le pas de cette réorganisation du temps de travail, certaines estiment que c’est impossible ou, à tout le moins, très compliqué.
Renaud Caeymaex est exploitant d’un supermarché AD Delhaize à Evere. Pour lui, les choses sont assez claires. "Dans notre secteur de l’alimentation, c’est tout à fait infaisable", estime-t-il. "On travaille sept jours par semaine. Même quand on est fermé (un jour de fermeture hebdomadaire, ndlr), on travaille encore", ajoute-t-il. "De 6 heures à 20 heures, il faut du personnel sur place", poursuit-il.
Actuellement, le magasin fonctionne avec deux "shifts", deux services. Chaque jour, une première partie des travailleurs prestent de 6 heures à 14 heures et une deuxième partie de midi à 20 heures. Ce qui, selon l’exploitant du magasin, "est très compliqué". Entre les pains à cuire le matin, les arrivages de produits frais à mettre en rayon en matinée, les produits "secs" à ranger l’après-midi, les nouvelles fournées de pains à cuire l’après-midi et l’accueil des clients aux caisses, "ce n’est pas possible de réorganiser le travail avec des shifts beaucoup plus longs", estime Renaud Caeymaex. Rassembler sur quatre jours les heures hebdomadaires qu’un salarié doit prester, "cela créerait des trous, clairement. Ce serait un gros problème d’organisation pour nous, en sachant qu’on a du travail sept jours par semaine", ajoute-t-il.
Ce patron de supermarché explique ne pas encore avoir eu de demandes de ses employés. "C’est quelque chose qu’on devra considérer, mais c’est quelque chose qui sera très très compliqué à faire", ajoute-t-il, précisant que le travail en magasin, 8 heures par jour, c’est déjà "physique" et "assez lourd comme ça". "Rajouter deux heures de travail ? Je ne pense pas que le personnel pourra continuer à bien travailler et surtout, être heureux dans son travail en travaillant 10 heures par jour dans ces conditions", termine-t-il.
Pour ce patron, ces formules du type "semaine en quatre jours" ne s’adaptent pas à tous les secteurs.
Rappelons que pour aménager son temps de travail en répartissant les heures autrement, il faut l’accord de l’employeur. Ce dernier doit motiver son refus.