Drame de Bracquegnies

Alors que Strépy-Bracquegnies rend hommage à ses victimes, la ville continue à lutter contre la vitesse excessive

inauguration de la stèle de Strépy-Bracquegnies

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Ce dimanche la commune de Strépy-Bracquegnies inaugure une stèle en mémoire des victimes de l’accident du 20 mars 2022. Ce jour-là, un chauffard a percuté, à 5 heures du matin, le cortège de ramassage des Gilles faisant six morts et 39 blessés. Moins d’un an après le drame, alors que la ville prépare l’édition 2023 du carnaval, la douleur est encore vive dans les familles touchées. Des familles qui mènent un combat pour lutter contre la vitesse excessive sur les routes et qui souhaitent une modification de la loi concernant les récidivistes.

Nicole Greuse se réveille chaque jour avec en mémoire les images terribles de l’accident. Ce 20 mars 2022 elle participe au cortège quand son fils et des amis sont renversés par le véhicule. Depuis elle tente de se reconstruire pas à pas, "je ne peux pas dire que je suis bien mais j’avance", dit-elle.

Elle est suivie psychologiquement et a subi des séances d’hypnothérapie pour se défaire des souvenirs du drame qui la réveillent chaque jour à 5 heures du matin.

"Je n’arrive toujours pas à monter la rue des Canadiens" explique Nicole. La rue des Canadiens est la rue où s’est déroulé le drame et où vit son père. C’est au prix de grands détours dans les rues de la ville qu’elle arrive encore à lui rendre visite.

Ce dimanche 14 janvier au matin, elle était avec son fils, son mari et sa famille à l’inauguration de la stèle en mémoire des victimes. Située, dans un endroit neutre, au coin de la rue des Canadiens et de la rue qui mène au centre sportif, celle-ci est une étape importante car il faut un lieu pour se souvenir de ceux qui sont partis et aussi rappeler que la vitesse au volant est un danger. Un moment de communion que les plus de 300 participants ont tenu à vivre entre eux, dans l’intimité.

Les familles et proches des victimes ont déposé des gerbes de fleurs sur la nouvelle stèle érigée en mémoire des victimes de l’accident du 20 mars 2022.
Les familles et proches des victimes ont déposé des gerbes de fleurs sur la nouvelle stèle érigée en mémoire des victimes de l’accident du 20 mars 2022. © Nina Zanatta

Sensibiliser les conducteurs au danger de la vitesse excessive

Pour Carine Pisan, présente à la cérémonie, "un hommage c’est toujours douloureux mais c’est nécessaire notamment pour conscientiser sur les excès de vitesse".

Elle a perdu un de ses proches lors de l’accident et selon elle, ils sont encore nombreux à ne pas respecter la limitation de vitesse à 50 km/h dans les rues de Strépy-Bracquegnies.

"Beaucoup de jeunes ne se rendent pas compte de ce qu’ils font, ils pensent maîtriser leur voiture mais en réalité ils ne le font pas" nous dit-elle.

Ce combat contre la vitesse, Nicole souhaite également le mener au nom de son fils Florian, 29 ans, grièvement blessé par le chauffard : "Je peux comprendre qu’on aime les belles voitures et la vitesse mais je ne peux pas comprendre qu’on fasse ça dans une rue, dans une agglomération. Il y a des circuits pour faire ça. Il faut respecter le Code de la route".

Florian a été opéré d’un hématome cérébral, ce dernier est resté 3 jours dans le coma. Aujourd’hui, il veut absolument revenir comme Gille au prochain carnaval et ce malgré ses séquelles.

A chaque instant il doit gérer sa fatigue chronique et éviter tout choc à la tête. Il a dû abandonner sa passion : le football. Une activité qu’il pratiquait 4 à 5 fois par semaine.

Mais ce qui le fait tenir c’est le soutien et la solidarité qu’il reçoit dans sa "nouvelle famille" celle de la société de gilles "les Boute-en-train".

Pour sa mère, cette musique du Carnaval est encore difficile à entendre mais pour son fils elle prendra sur elle car "Florian va mieux et c’est le plus gros des médicaments" !

"Il faut des peines exemplaires " pour les chauffards

Celui qui porte cette bataille auprès des autorités c’est Antonio Gava, échevin des travaux de la Louvière. Il s’est associé avec d’autres familles victimes de chauffard de la route et réclame que ces conducteurs récidivistes soient plus lourdement punis par loi.

Il considère notamment "qu’à partir du moment où on conduit depuis des années à des vitesses excessives on sait que si on dérape on va faire un 'strike', cela veut dire qu’on est conscient et qu’on est donc responsable".

Il trouve la justice belge trop légère en la matière, "on va rencontrer tous les ministres, je sais que ce sera long mais il faut des peines exemplaires".

Il réclame également le retrait du permis jusqu’au procès de ceux impliqués dans des drames. Mais son travail de prévention ne s’arrête pas là, il espère prochainement aller à la rencontre des jeunes lycéens et conducteurs pour les sensibiliser au danger de la vitesse sur les routes.

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