Champions League

Allô docteur, c’est quoi le (gros) problème à la Juventus ?

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En s’inclinant contre Benfica mardi soir (4-3), la Juventus a apposé un ultime clou sur son propre cercueil, déjà en triste état. Méconnaissables, les Turinois se sont inclinés pour la 4e fois en cinq rencontres de Ligue des Champions et entériné leur élimination dès la phase de poules. Une première depuis 2013. Mais la triste continuité d’un déclin déjà amorcé depuis quelques temps.


Le déni en football, un vrai fléau. Demandez plutôt à Massimiliano Allegri ce qu’il en pense. Logiquement voué aux gémonies après la défaite face à Benfica mardi soir, le coach transalpin n’a pas daigné assumer l’échec cuisant de cette élimination trop précoce. "Ce n’est pas un échec" a-t-il sobrement avoué, se dédouanant ainsi avec un certain brio d’une quelconque responsabilité.

Pas un échec de comptabiliser trois points après cinq rencontres de Ligue des Champions ? Pas un échec de devoir se battre, jusqu’à l’ultime journée avec un club de l’acabit du Maccabi Haïfa (3 points également) pour espérer gratter une place en Europa League ? Permettez-nous d’en douter. Et permettez-nous de croire qu’au fond d’eux, les dirigeants turinois aimeraient infirmer les dires de leur propre coach, eux aussi.

Surtout qu’en Serie A, le bulletin n’est pas beaucoup plus rose. Les Bianconeri ne pointent qu’à une anonyme 8e place, bien loin des aspirations du début de saison et à distance déjà raisonnable de la tête de course (le leader Naples est déjà à dix points). Et même si la Vieille Dame ne compte "que" deux défaites en onze matches, elle a déjà trébuché contre la Sampdoria (0-0), la Fiorentina (1-1), Salernitana (2-2) ou même Monza (1-0). Pas idéal pour la plus grosse masse salariale d’Italie.

Massimiliano Allegri est-il devenu has-been ?

Alors, qu’est ce qui cloche chez la Vieille Dame ? Pas mal de choses. Les plus fervents défenseurs du club turinois affirmeront sans doute que les blessures, qui gangrènent le club cette saison, n’aident pas. Et c’est vrai, en partie. Vrais leaders sur le terrain, les Chiesa ou Pogba n’ont pas encore disputé la moindre minute cette saison. Deux absences importantes qu’il convient de soupeser dans la balance.

Mais réduire cette morne saison à ces deux absences serait aller bien vite en besogne. Non, le mal semble plus profond. Et le bouc émissaire tout désigné des supporters, c’est évidemment le coach, Massimiliano Allegri. Débarqué pour son second mandat turinois à l’aube de l’été dernier, le technicien italien a flirté avec un licenciement la saison dernière avant de redresser la barre en fin d'exercice. Malheureusement pour lui, la Juventus n’a toujours pas redressé la barre, le style de jeu pragmatique et direct imprimé par coach Allegri ne convenant visiblement pas à ses troupes. En sus, le coach tâtonne depuis le début de saison, change de système au gré des matches (la Juventus est passée d’un 4-3-3 à un 4-4-2 puis à un 3-5-2 plus récemment) sans parvenir à trouver une once de continuité.

Alors, nous direz-vous, qu’attendent les dirigeants turinois pour se séparer d’un coach qui pourrait avoir fait son temps à l’Allianz Stadium ? Eh bien, la situation n’est pas si évidente. Confortablement assis sur un contrat portant sur quatre ans, Allegri perçoit 9 millions d’euros chaque saison, soit le plus gros total parmi les coaches en Serie A. Difficile donc pour la Juventus, qui connaît des problèmes financiers, de se séparer de lui, sous peine de devoir continuer à le payer, lui, en plus de son remplaçant éventuel.

Gageons également que tirer à boulets rouges sur le coach serait bien trop facile. Les joueurs, aussi, ont leur part de responsabilités. Ou comment expliquer les 11 buts encaissés en cinq matches de Ligue des Champions, soit le 5e pire bilan des 32 équipes engagées ? Leonardo Bonucci et Danilo en dessous de leur niveau réel, Bremer et Federico Gatti encore en manque de repères, Alex Sandro pas toujours rassurant, la défense turinoise, dans son entièreté, ne dégage pas les gages de sécurité qu’elle devrait.

Devant, le départ, certes chahuté, de Paulo Dybala n’a jamais été comblé, Dusan Vlahovic ne pouvant pas tout faire tout seul. Angel Di Maria blessé, Arkadiusz Milik (5 buts) est quasiment le seul à parvenir soulager le serbe offensivement, Moïse Kean courant après son efficacité (1 but cette saison).

Bref, depuis deux ans, cette Juventus semble en quête d'une vraie identité. Et là où, dans un passé pas si lointain, le "bloc" de la Vieille Dame, soudé et uni, suffisait souvent pour accumuler les bons résultats, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Cette Juventus est en manque de repères et de leaders. Et quand, en plus, le coach semble fébrile et la défense en manque d’automatismes, ça tourne forcément au fiasco à un moment donné. La défaite contre Benfica n'aura finalement été que la goutte qui fait déborder le vase.

Juventus - Standard : 03 novembre 1982 (2-0)

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