Miléna Trivier est une cinéaste belge née en 1986. Cadreuse et étalonneuse hors pair, elle met ses compétences au service de créateurs exigeants. Elle est aussi une excellente réalisatrice à l’univers singulier, peuplé de fantômes et de souvenirs. La présence des absents habite les images de Miléna Trivier. Le murmure des lieux qui nous habitent, le court métrage précédent, recherchait la voix d’une chère disparue et captait l’écho des mots dans les espaces qui les avaient perçus.
Algorithms of beauty convoque aussi des présences fantomatiques. Le film d’une durée de vingt minutes est le regard d’une cinéaste sensible et subtile qui interroge la beauté d’une image réelle ou virtuelle, produite par un humain ou par une intelligence artificielle. L’image tente de représenter la vie. Elle échoue dans cette tentative à la restituer parfaitement. L’image toujours imparfaite ne parvient pas à pallier le manque ou la perte, l’absence de vie. Le mot image vient du latin imago qui désignait un masque mortuaire. La mort est la face révélée de l’image.
Miléna Trivier aborde le sujet de manière allégorique en ressuscitant la mémoire d’une botaniste anglaise. Mary Delany (1700-1788) réalisait des fleurs avec des bouts de tissus et de papier et des découpes de végétaux qu’elle assemblait et collait selon la technique, neuve à l’époque, de la mosaïque de papier. Elle a constitué un herbier de 985 fleurs, commencé à l’âge de 74 ans pour compenser la perte d’un être cher, son mari. Le film est une réflexion sur le rapport intime à une image, un lien profond qui détermine sa beauté.
Les images de Mary Delany sont feuilletées à l’écran et ensuite soumises à une intelligence artificielle qui va produire une autre forme de mosaïque en création perpétuelle et infinie d’images.
Algorithms of beauty est aussi un film sur l’émerveillement que suscitent la vue et le toucher d’une fleur et le parfum qu’elle exhale comme une note de mélancolie. Car que reste-t-il des pétales d’une vie, si ce n’est la présence de l’absence au cœur de quelques images ?
La comédienne sur les traces de Mary Delany est Isabelle Dumont.
La création sonore de Céline Bernard et Maxime Coton fusionne avec la musique de Catherine Graindorge.
Une production de l’ASBL Bruits
Algorithms of beauty, Cinéma Galeries à Bruxelles, samedi 4 février 18h45 dans le cadre du Festival de cinéma du réel En Ville.
Miléna Trivier au micro de Pascal Goffaux.