Arrêté et jugé par des tribunaux grecs truqués aux côtés de 15 autres opposants, j’évite le pire grâce aux pressions internationales. Quelques jours plus tôt, le 3 novembre 1968, 300.000 personnes avaient défilé dans les rues d’Athènes pour marquer leur désaccord avec le nouveau régime.
Trimbalé de l’île de l’Égine à la prison Bogiati, je tente en vain de m’évader le 5 juin 1969. L’échec est douloureux puisque je ne peux dès lors échapper au supplice de la "cellule tombe" de la Caserne Goudi, 2 mètres de long et 1,5 mètre de haut creusés sous terre.
D’autres tentatives d’évasion et de représailles se succèdent, mais jamais une information ne s’échappe, jamais les tortures physiques et morales ne parviennent à me faire changer de camp. Même l’amnistie générale des Colonels aux détenus politiques, à l’instigation de puissances extérieures, ne réussit à me détourner de mes convictions premières.
À défaut de pouvoir m’évader physiquement, je tente de m’extraire de cette sombre réalité avec de la poésie, écrite sur les murs de ma cellule avec mon sang. Du fait de la dictature, plusieurs de mes textes ont délibérément été cachés au public, mais je suis parvenu à en retranscrire d’autres dans mes cahiers "Vi scrivo da un carcere in Grecia" ("Je vous écris d’une prison en Grèce").