Politique

Alexander De Croo critiqué parce qu'il veut mettre en pause les normes environnementales européennes : C'est "la position belge", dit-il

Lois climatiques / La pause réclamée par De Croo fait débat

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Par Belga édité par A.P., Am.C. et J-Fr.N., avec P. Walkowiak et B. Hupin

A l’image de la ministre flamande de l’Energie Zuhal Demir et du président français Emmanuel Macron, le Premier ministre Alexander De Croo est également favorable à une "pause" en matière de législation européenne sur le climat, a-t-il indiqué mardi soir dans l’émission Terzake de la VRT.

"A un moment, il faut faire un choix. Est-ce bien le moment de tout faire en même temps ?", interroge le Premier ministre. Pour Alexander De Croo, il convient de ne pas "surcharger" la législation en renforçant les normes en matière d’azote, de restauration de la nature et de biodiversité, en plus des objectifs concernant les émissions de CO2.

Selon le Premier, cela aurait deux conséquences néfastes. Premièrement, l’industrie ne pourrait plus suivre, et les objectifs de réduction de CO2 ne seront pas atteints, prédit Alexander De Croo. Par ailleurs, le momentum actuel en faveur du climat risquerait d’être perdu, affirme le chef du gouvernement. "C’est pourquoi je demande à ce que l’on appuie sur 'pause'. N’allons pas trop loin avec des choses qui, au sens strict, n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique. Ces autres sujets sont aussi importants, mais elles doivent être davantage phasées dans le temps", recommande Alexander De Croo.

Alexander De Croo
Alexander De Croo © Belga

C'est "la position belge", concertée avec les différents gouvernements belges, selon le Premier

Après les réactions que sa prise de position a suscitées au sein de certains partis de la majorité, comme on peut le lire ci-après, le Premier ministre a précisé sa pensée au micro de la RTBF. Il rappelle que "la position belge" sur les questions européennes s’établit au sein de la DGE, la Direction générale Coordination et Affaires européennes, un endroit où des représentants des différents gouvernements belges accordent leurs violons. Selon Alexander De Croo, "il y a des mois déjà, dans cet organe, les gouvernements ensemble ont décidé que la Belgique demanderait des modifications significatives par rapport à cette loi sur la restauration de la nature". Il estime avoir "exprimé une décision qui avait déjà été prise avec tous les gouvernements belges" et se dit surpris des réactions d’opposition.

Par rapport à cette législation européenne en préparation dans le cadre du Green Deal européen et qui s’intéresse à la restauration de l’environnement, Alexander De Croo dit qu’il n’est "pas contre cette législation" car "c’est quelque chose d’important", mais il demande "de ne pas tout faire en même temps" et de "ne pas surcharger la barque".

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Déclarations jugées "scandaleuses" et "incompréhensibles" par certains

Les premières réactions aux propos du Premier ne se sont pas fait attendre. Zuhal Demir s’est dit "surprise". "Le virage du gouvernement fédéral est une bonne chose, mais c’est insuffisant", estime la ministre nationaliste flamande qui s’était exprimée sur le sujet un peu plus tôt dans la journée.

Du côté d’Ecolo, partenaire au fédéral, la ministre du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal, Zakia Khattabi, n’a pas caché son étonnement. "Par où commencer… je ne sais même pas du coup, juste : ce n’est pas la position #begov !!", a-t-elle réagi sur Twitter.

Le co-président d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, a qualifié pour sa part les déclarations d’Alexander De Croo d'"hallucinantes", estimant que "ce n’est pas le Premier ministre qui s’est exprimé ce soir." En interview à la RTBF, Jean-Marc Nollet a précisé son point de vue. "Nous n’allons pas accepter, et je vois que nous ne sommes pas les seuls, de mettre la Belgique dans le camp de ceux qui souhaitent mettre la pause en matière de mesures environnementales, en matière de nature, en matière de biodiversité", a-t-il déclaré.

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Du côté de Groen, les déclarations d’Alexander De Croo sont jugées "scandaleuses" et "pas couvertes par le gouvernement". "Les accords européens ne sont pas des chiffons de papier", taclent les co-présidents Jeremie Vaneeckhout et Nadia Naji. "La nature et le climat sont indissociables. Ce n’est pas d’une pause que nous avons besoin, mais d’une accélération."

Quant au président de la Coalition Climat, Nicolas Van Nuffel, il juge, également sur Twitter, que les déclarations du Premier ministre sont "totalement incompréhensibles". "Séparer la crise climatique de l’effondrement de la biodiversité est la pire des solutions. Le problème du dépassement des limites planétaires est systémique, les solutions doivent être systémiques."

Au Parti Socialiste, le président Paul Magnette a, lui aussi, pris ses distances avec les propos d’Alexander De Croo. Ce dernier, pour le président du PS, "ne respecte pas son propre accord de gouvernement". "Nous n’atteignons pas nos objectifs climatiques. Ce n’est donc pas une pause qu’il faut, mais une accélération", a estimé Paul Magnette sur Twitter.

 

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Alexander De Croo est-il sorti de son rôle de Premier ministre en faisant ces déclarations ? "Je ne sais pas dans quel contexte il a exprimé ces propos, mais c’est clair que ce qu’on attend du Premier ministre, c’est qu’il fasse respecter l’accord de gouvernement", a réagi Paul Magnette, interrogé par la RTBF. Le président du PS attend aussi du Premier ministre "qu’il ait dans ces dossiers une vraie ambition". "La Belgique était parvenue à se hisser parmi les pionniers en matière de transition climatique. Il faut évidemment que ce soit maintenu", a ajouté Paul Magnette.

Tandis que d’autres soutiennent le Premier ministre dans ses propos

Au sein de la majorité fédérale, c’est du côté du MR qu’il faut se tourner pour trouver un soutien aux propos tenus par le Premier ministre.

Sur Twitter, le président du MR, Georges-Louis Bouchez estime que la position du Premier ministre "ne doit pas être caricaturée". "Il souhaite, comme nous, préserver le climat et la planète tout en préservant le bien-être de nos concitoyens. Son raisonnement, comme le nôtre, est juste de maintenir un équilibre face à des enjeux multiples. Il faut donc légiférer intelligemment et pas par dogmatisme. La gauche veut-elle la misère et les famines ?", estime Georges-Louis Bouchez.

Avant cela, le président du MR insiste sur la nécessité de "tenir compte de l’équilibre socio économique" pour réussir le défi climatique, "l’enjeu du siècle". "L’Europe ne peut pas être la seule région du monde à détruire son industrie, son agriculture et son indépendance énergétique, au risque de ne plus influer sur le cours du monde et des choses", estime le président du MR.

Interrogé par la RTBF, Georges-Louis Bouchez demande d’arrêter "de légiférer par dogmatisme" et de plutôt le faire "avec un esprit réaliste, pour à la fois relever le défi climatique, mais aussi maintenir la cohésion socio-économique".

Alors que du côté d’Ecolo et du PS, on estime que les propos d’Alexander De Croo ne cadrent pas avec l’accord de gouvernement, ce n’est pas l’avis de Georges-Louis Bouchez. "Moi je ne lis nulle part dans l’accord de gouvernement qu’il était prévu de supprimer l’agriculture, l’industrie, d’arrêter d’avoir une indépendance énergétique en vue de sauver le climat. Je n’ai pas vu que l’accord de gouvernement prévoyait le retour aux Amishs", a ajouté le président du MR.

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Climat / De Croo pour une pause sur les normes européennes

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