C’est un peu "l’usage", la tradition : vacances d’été, vacances parlementaires ou gouvernementales oblige, chacun se livre, côté classe politique, à l’une ou l’autre interview "confidences" ou "bilan" des mois écoulés. C’est le cas du Premier ministre Open Vld Alexander De Croo, ultra-présent dans la presse écrite de ce week-end post 21 juillet. Jugez-en dans "la Capitale", "l’Echo", "Le Soir", "De Standaard", "Het Nieuwsblad".
L’occasion de revenir sur le dernier accord en date avec Engie, de défendre précisément les derniers compromis engrangés dans sa coalition Vivaldi (notamment les pensions, non sans mal on s’en souviendra), d’évoquer forcément aussi les querelles internes, de chasser les rumeurs de crises politiques éventuelles : "La dernière chose dont on a besoin".
Mais surtout Alexander De Croo se dit prêt – de manière répétée, pour ne pas dire répétitive - dans ses interviews, à rempiler après les élections de 2024. Malgré une certaine lassitude voire une vraie fatigue, malgré le fait que tout paraît bien plus dur qu’à la constitution de la majorité Vivaldi en 2020. Il dit y croire encore et toujours. Dans "Le Soir" : "Etre Premier ministre, c’est un honneur, je continuerai à exercer cette fonction, et si je peux le faire après 2024, ce sera ma priorité […]. Ma première ambition est et reste de pouvoir continuer d’aider les Belges en Belgique". Dans "l’Echo", Premier ministre d’une Vivaldi 2 ? "Oui, naturellement. Si les résultats de l’élection le permettent. C’est un job fantastique et je le répète, pour moi, ce n’est pas un tremplin vers autre chose". Et de démentir fermement dans "De Standaard" les rumeurs le voyant succéder à Jens Stoltenberg à l’OTAN. Dans "la Capitale" : "Oui si le public trouve que c’était bien et en veut plus. Ce sera clairement ma première priorité mais ce sera aux Belges de s’exprimer".
Dans "Het Nieuwsblad" où on lui demande s’il est heureux en poste : "Je ne suis pas devenu Premier ministre pour être personnellement heureux. C’est un privilège incroyable de pouvoir le faire. Surtout dans des moments difficiles comme celui-ci, où nous devons protéger les personnes et préparer le pays pour l’avenir. Si je peux le faire et être récompensé en 2024, alors peut-être y aura-t-il un peu de bonheur personnel. Mais pour être heureux dans la vie, il faut en fait faire autre chose que ça".
Alexander De Croo qui ne se dit pas inquiet – "pas encore" – face aux sondages qui stagnent pour son parti autour des 10% même si sa popularité à lui est bien réelle.
Reste que cela ne dépend pas que de lui, mais de l’électeur et aussi de ses partenaires dont l’un ou l’autre pourrait choisir de "débrancher" à un moment donné y voyant un meilleur intérêt. Et on sait aussi que d’autres candidats se sont, eux aussi, déjà déclarés prêts à endosser le poste de Premier ministre. Ils y pensent et "pas uniquement en se rasant". À commencer par un certain Paul Magnette, président du PS, qui, il y a plusieurs mois, s’est déjà prononcé sur l’air du "si on me le demande, j’assumerai mes responsabilités". Le président du MR Georges-Louis Bouchez ne cache pas non plus qu’il se verrait bien au 16, rue de la loi.
A voir ce que donnera le résultat de l’élection en 2024. Voire avant. Sachant aussi que, dès la rentrée, reviendront des dossiers complexes : réforme du marché du travail, réforme fiscale, discussions budgétaires 2023 et 2024 qu’Alexander De Croo voudrait coupler pour justement anticiper un climat préélectoral, le tout sur fond de grogne sociale, de crise énergétique et de pouvoir d’achat toujours en berne…