Des femmes témoignent aussi de cet état d’absence provoqué par l’alcool. Alors d’où vient cette envie d’être anesthésié ? Ce qui fait qu’on plonge ou pas, explique la psychiatre Fatma Bouvet, ce sont des terrains à risque. Par exemple, des antécédents d’agressions sexuelles et de viols multiplient par 36 le risque de tomber dans l’alcool. Il y a aussi les femmes perfectionnistes qui se retrouvent épuisées à force de vouloir être parfaites avec toutes leurs casquettes : celle de bonne épouse, bonne mère, bonne professionnelle, bonne copine…
Ariane, elle, a souffert de troubles du comportement alimentaire à l’adolescence et l’alcool lui permettait "de ne plus penser à cette horrible personne qu’elle était et qui ne pouvait pas contrôler sa nourriture et partait vomir après". D’autres encore ont souffert du nid vide lorsque les enfants ont quitté la maison.
Avec beaucoup de sincérité et de lucidité sur leur maladie, elles racontent aussi comment la honte les a poussées à regorger d’ingéniosité et de créativité avec un pouvoir de mensonge incroyable pour cacher les bouteilles. Et comment elles sont devenues une autre personne, détériorée et parfois violente.
C’est toute une vie qui se retrouve organisée autour de l’alcool, c’est une aliénation, un poison, une drogue. Et pour la famille, les collègues et même parfois le monde médical, c’est un tabou par rapport à l’alcool et aux femmes, entre impuissance, déconsidération, peur ou incompréhension…
La question du sevrage et de l’après est aussi largement abordée, à toutes les étapes, et donne un vrai espoir face à cette reconstruction.
Le documentaire nous fait pénétrer dans le cabinet de cette psychiatre et addictologue Fatma Bouvet de la Maisonneuve. Très engagée sur le sujet, elle explique à ses patientes autant qu’à nous, spectateurs, les problèmes d’alcool au féminin et son regard est tout à fait éclairant.