En 1999, un groupe jihadiste radical nommé Jama'at al-Tawhid wal-Jihad (JTWJ) est fondé par un certain Abou Mousab al-Zarqawi, un jihadiste jordanien ayant combattu en Afghanistan à la fin des années 80.
JTWJ deviendra, en 2006, l’Etat islamique en Irak (EII) et en 2013 l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).
Le courant ne passe pas entre al-Zarqawi et Ben Laden
C’est en 1999 toujours qu’al-Zarqawi rencontre un autre leader jihadiste: Oussama Ben Laden. Immédiatement, d’importants désaccords ont émergé entre les deux hommes. Les positions extrémistes d’al-Zarqawi et le passé criminel de ce dernier entraînent la méfiance d’Oussama Ben Laden, si l’on en croit la biographie publiée par The Atlantic.
Ces désaccords initiaux resteront des sujets de discorde entre la hiérarchie d’Al-Qaïda et l’Etat islamique jusqu’au divorce de février dernier.
Malgré la méfiance mutuelle, les deux leaders jihadistes ont des intérêts et des objectifs communs. Le milliardaire saoudien va donc financer le combattant jordanien et le laisser bénéficier des réseaux d’Al-Qaïda. Désormais, JTWJ profite en quelque sorte de la "franchise Al-Qaïda". Mais le groupe d’al Zarqawi conserve "un agenda largement distinct [de celui d’Al-Qaïda], bien qu’occasionnellement convergent", explique le Washington Post.
Objectifs divergents
Le but premier de JTWJ est de renverser la monarchie jordanienne et d’y installer un califat qui s’étendra ensuite sur la Syrie, l’Irak, la Palestine et le Liban.
Al-Qaïda par contre opère à cette époque dans une perspective plus mondialisée et vise le soutien financier et logistique aux combattants jihadistes en lutte pour des "territoires musulmans" occupés ou agressés (Tchétchénie, Bosnie, …).
Cette divergence entre les ambitions plutôt régionalistes de l’EI (au départ le califat doit s’étendre sur la Syrie, l’Irak, la Palestine, la Jordanie et le Liban) versus le projet de jihad global d’Al-Qaïda resteront longtemps un point de friction entre les deux entités, explique l'expert Aaron Zelin.
Même si, depuis quelques semaines, l’ex-EIIL affiche des ambitions plus larges, cela reste jusqu’ici surtout de la rhétorique. Le nouveau groupe franchisé a également d’autres vues tactiques que sa "maison mère" (voir point 4).
Conclusion: dès le départ, JTWJ a été un franchisé plutôt turbulent et difficilement contrôlable par la hiérarchie d’Al-Qaïda.