Afrique du Sud: Johannesburg veut devenir "l'une des capitales mondiales du graffiti"

Afrique du Sud: Johannesburg veut devenir "l'une des capitales mondiales du graffiti"

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Par Valérie Hirsch

Des graffeurs européens et locaux sortiront leurs bombes de peinture pour décorer les murs de la ville lors du festival "City of gold" du 7 au 13 octobre.

Le Suisse Malik, l’Espagnol Malakkai et les frères serbes Sobekcis participeront au 6e festival d’art mural de Johannesburg, "City of gold", du 7 au 13 octobre, aux côtés de graffeurs locaux comme Falko, Mars, Rasty, Tyler B Murphy, Rekso, Biaz or Drake. "Nous voulons promouvoir notre ville comme l'une des capitales mondiales du graffiti et l’art de la rue auprès du public, alors que seulement 6 % des écoles proposent des cours de peinture", explique l’organisateur du festival, Jared Pereira, du magasin et galerie d’art "Gray scale", fondée en 2006 par trois graffeurs. 

"Quand j’ai commencé en 2005 dans des passages souterrains, c’était illégal et mal vu", se souvient Bias, l’un des graffeurs en vue de Johannesburg. Archéologue de profession, il fait des visites guidées des graffitis de Maboneng. Dans ce quartier devenu l’un des plus trendy de la ville, d’immenses peintures murales ont été commandées depuis 2008 par la société "Propertuity", qui a réhabilité cette ancienne zone industrielle devenue un chancre urbain. "Au départ, ils ont surtout invité des graffeurs internationaux comme le Belge Roa, explique Bias. C’était très stimulant pour les artistes locaux, qui ont gagné en précision."

Biaz fait des visites guidées dans le quartier de Maboneng
Biaz fait des visites guidées dans le quartier de Maboneng © Valérie Hirsch

Les graffeurs sud-africains sont de diverses origines raciales et sociales. Les plus connus -Faith 47 (l’une des rares femmes) et Falko – ont commencé au Cap il y a deux décennies. Mais depuis l’adoption par la ville portuaire d’une politique d’interdiction des graffitis, la scène du "street art" s’est déplacée à Johannesburg. Même sans autorisation, ceux qui font des "tags" ou des "throw up" (lettrages) sont rarement importunés. "Il faut juste faire attention dans les quartiers musulmans, à ne pas peindre de portraits", précise Biaz.

La municipailité encourage le mouvement : elle veut faire de Johannesburg une capitale mondiale de l’art public. "Depuis une quinzaine d’années, elle utilise l’art pour embellir le centre-ville très dégradé après la fin de l’apartheid", explique Jo Buitendach de l'agence "Past experiences", qui organise les visites guidées. Même si les graffitis ne choquent plus personne, ils restent une forme d’expression politique : "Quand il y a eu le mouvement étudiant en 2016 pour réclamer l’université gratuite, une organisation appelée 'Pensées noires' a recouvert la ville de graffitis avec des slogans comme 'Steve Biko est vivant', 'Noirs = pauvres'. Les tags restent un mode d’expression pour ceux qui n’ont pas droit à la parole."

A Maboneng, Balthazar Reibero fait partie d’un collectif d’artistes noirs, qui couvrent les murs de petits portraits de héros politiques, réalisés avec des pochoirs. "Pendant la lutte anti apartheid, on peignait déjà sur les murs. C’est une façon très démocratique de s'exprimer et montrer son talent."

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Falko, un métis du Cap, a fait des graffitis dans de nombreux pays
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Mandela par Freddy Sam
Balthazar Ribeiro fait des peintures au pochoir.

Archive : JT 19/09/2017

Bruxelles devient-elle la capitale du street art ?

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