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Afghanistan : les opposants aux talibans cherchent du soutien auprès de la communauté internationale

Ali Maissam Nazary, chef des relations étrangères pour le Front de résistance nationale d’Afghanistan (à gauche) et Obaid Mahdi membre du FNR (à droite).

© Daniel Fontaine

Rencontre avec Ali Nazary, chef des relations étrangères pour le Front National de Résistance d’Afghanistan (FNR), qui lutte contre les talibans. Il est également considéré comme le bras droit d’Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmad Shah Massoud, assassiné il y a 20 ans.

Quels objectifs pour le Front National de Résistance ?

Fondé à l’été 2021 après la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, le Front National de Résistance s’oppose à eux et au régime de "terreur" qu’ils ont instauré. Il est principalement actif sur la province du Panchir, située au nord est du pays et fief de la résistance contre le régime des talibans.

Les forces armées du FNR s’entraînent dans la province du Panchir, le 21 août dernier.
Les forces armées du FNR s’entraînent dans la province du Panchir, le 21 août dernier. © Ahmad SAHEL ARMAN / AFP

Ali Nazary déclare : "nous résistons au sein de l’Afghanistan sur trois fronts : militaire, politique, civil". Il explique que l’objectif du FNR est d’établir un système fédéral décentralisé en Afghanistan, afin que les nombreuses minorités ethniques du pays soient représentées et entendues. Ce gouvernement devra aussi instaurer la "démocratie comme seul système", et respecter les droits des femmes.

Ahmad Massoud a rencontré une délégation de talibans il y a quelques jours à Téhéran. Les talibans proposent la création d’un gouvernement inclusif, mais le FNR pose ses conditions. Les talibans devraient par exemple accepter de se retirer des zones où ils ne sont pas les bienvenus. Si ce scénario paraît aujourd’hui peu probable, le FNR se refuse désormais à toute négociation avec les talibans. "Ils ne prennent pas les négociations au sérieux", déclare Ali Nazary.

Un appel au soutien international

Afin d’espérer réaliser son objectif, le FNR souligne l’importance d’un soutien international. Après le départ des forces armées Américaines et occidentales, le groupe se sent abandonné. "Les Etats-Unis étaient les derniers à se battre avec nous contre la terreur", regrette Ali Nazary.


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"Nous sommes la dernière force démocratique, antiterroriste, alliée de l’Occident, qui mène la guerre contre le terrorisme. Et nous n’avons strictement rien ! Les terroristes sont armés jusqu’aux dents, avec des armes et du matériel américain. Nous avons des ressources limitées pour mener cette guerre mondiale contre le terrorisme. Seuls, abandonnés. Nous aurons besoin d’un soutien international".

Des talibans paradent dans les rues de Maymana au nord du pays, le 16 janvier dernier.
Des talibans paradent dans les rues de Maymana au nord du pays, le 16 janvier dernier. © AFP et Belga

A l’étranger, la plupart des ambassades et diplomates afghans sont encore actifs, et forment une résistance diplomatique aux talibans, afin d’éviter que ce "régime terroriste", comme le qualifie A. Nazary, ne soit reconnu par les autres pays.

Car si les Etats-Unis et l’Union européenne n’envisagent pas pour le moment d’établir des relations diplomatiques avec le régime taliban, d’autres grandes puissances telles que la Russie ou encore la Chine n’écartent pas cette idée, au vu des nombreux intérêts économiques à la clé.

Les talibans sont non seulement une menace pour nous, mais aussi pour le monde occidental

Selon lui, la situation n’est pas assez prise au sérieux par la communauté internationale, ce qui risque d’avoir de sévères conséquences dans le futur. Il estime que cela représente une grave menace, tout particulièrement pour l’Occident. "Les talibans sont non seulement une menace pour nous, mais aussi pour le monde occidental". Il va même plus loin en déclarant : "Nous pourrions faire face à des scénarios pires que le 11 septembre".

Tirer les leçons du passé

Ali Nazary revient sur les 20 ans de "fausse démocratie" qui ont, selon lui, mené à la prise de pouvoir des talibans en août dernier. Le pouvoir était trop centralisé en la personne du président Ashraf Ghani, aujourd’hui en fuite. "Ça a créé de la corruption", dit-il, en espérant voir bientôt voir apparaître dans son pays une "démocratie réformée".

Il rappelle son souhait de voir toutes les minorités "être acceptées et coexister en paix" et quitter l’extrémisme pour revenir au "rationalisme".

Après avoir installé un bureau de liaison à Washington, le FNR espère bientôt s’ancrer également en Europe, à Paris ou Bruxelles.

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