Il y a quelques mois, on vous parlait d’un logiciel espion, Pegasus. Produit par l’entreprise israélienne NSO, ce logiciel avait servi à espionner plusieurs personnalités politiques, journalistes ou activistes. Emmanuel Macron ou Charles Michel se trouvaient dans la liste des cibles potentielles, par exemple. Nombre de pays, comme le Maroc, ont nié s’en être servis. D’autres, comme la Pologne, ont admis l’avoir acheté. Aujourd’hui, c’est la police israélienne qui est dans le viseur : elle aurait utilisé Pegasus pour espionner des opposants politiques ou des anciens employés du gouvernement. Sans aucun mandat judiciaire préalable.
Ce mardi 18 janvier, nos confrères du Guardian, citant les infos du média israélien Calcalis, faisaient le point sur l’affaire. La police israélienne, qui nie les accusations en bloc, aurait intercepté les conversations de citoyens sans disposer d’aucun mandat. Pourtant, un autre quotidien, Haaretz, fait lui aussi état des liens entre le groupe NSO et la police israélienne : le média affirme avoir vu de ses propres yeux une facture de 2,7 millions de shekels (l’équivalent de plus ou moins 762 millions d’euros) “apparemment pour une version de base du programme”, affirme le Guardian.
L’affaire durerait depuis belle lurette : selon les médias israéliens, le logiciel aurait été acheté en 2013 et aurait été utilisé à partir de 2015.
Plusieurs personnalités dans le viseur
Parmi les personnalités ciblées, des anciens employés du gouvernement, les organisateurs de manifestations politiques opposées à l’ex Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (notamment le mouvement "Drapeau Noir") ou encore des maires. Il semble également que le logiciel ait été utilisé dans le cadre d’une enquête de corruption visant un maire : les preuves ainsi récoltées auraient été ensuite "blanchies pour dissimuler la manière dont elles auraient été obtenues", poursuit le Guardian.
Or les faits posent plusieurs problèmes : d’une part, on touche, encore une fois, au cœur de l’affaire Pegasus, à savoir le fait d’espionner des citoyens. D’un autre côté, la question est encore plus délicate en Israël, du moment où le groupe NSO avait affirmé qu’il n’allait pas "opérer sur des numéros de téléphone israéliens et américains", rappelle le Guardian.
Mais tout est une question de nuances : le quotidien britannique apprend à bonne source qu’en réalité, cette restriction concernant les numéros israéliens vaut uniquement lorsque le logiciel est vendu à un pays étranger. S’il est exploité par la police israélienne, "il peut être en mesure de cibler des téléphones israéliens", poursuivent nos confrères britanniques.