Ann-Laure Furnelle et son compagnon Marc en plein nettoyage
Ann-Laure Furnelle et son compagnon Marc en plein nettoyage © Aer Aqua Terra

Aer Aqua Terra est une ASBL active dans l’assainissement et le nettoyage des rivières polluées par de nombreux déchets qui ont des conséquences importantes sur la flore et la faune aquatiques. Rencontre dans la Dyle à Ottignies avec sa fondatrice : Ann-Laure Furnelle.

Chaque jour, Ann-Laure, entourée de son équipe consacre son temps à désengorger le lit de la rivière d’importants déchets enfuit depuis de nombreuses années : " La plupart des déchets que nous sortons de la rivière sont historiques et nous racontent l’histoire de l’activité humaine qu’il y avait en surface à une époque. La rivière est très longue et elle traverse des zones qui sont fort industrielles. Par exemple, en amont, nous avons trouvé des échantillons de toiles cirées liés aux activités des entreprises actives à l’époque à Court-St-Etienne ou encore à Genappe. Quand on traverse les prairies, on retrouve des grandes bâches et des grands sacs agricoles. Quand c’est construit, on va plutôt avoir des plastiques qui émanent de la construction ".

Des déchets pas toujours visibles au premier coup d’œil !

"Quand vous regardez le lit de la rivière depuis la berge, vous ne verrez pas ces déchets parce qu’ils sont colonisés par de la vie aquatique, par des petites algues, des petits animaux et finalement ils sont caméléons. Ils se confondent complètement avec le lit, avec les rochers et tout ce qu’il y a autour. Et on ne peut pas deviner qu’il s’agit de crasse. Que ce soit du plastique, du tissu ou même du bois, toutes les matières immergées dans le lit de la rivière sont conservées parce qu’elles ne sont pas altérées par les variations de température, l’oxygène et les UV".

Après le passage de l’équipe, la vie au fond de la rivière reprend petit à petit

Plusieurs passages au même endroit sont parfois nécessaires pour retirer l’ensemble des couches de déchets : " Sur une zone comme la Dyle, les repasses sont obligées et multiples parce que les déchets se présentent comme une lasagne avec des couches et des couches. Il faut laisser le temps à la rivière de travailler et éroder le sable pour nous dévoiler d’autres couches plus anciennes, déjà présentes dans le lit mais inaccessibles.

Ce travail nécessite donc de la persévérance et de la passion mais qui en vaut la peine avec un résultat presque instantané comme le confirme Ann-Laure : " On voit apparaître des petites dunes de sable grâce à l’effet du courant de l’eau sur le sable comme à la mer quand elle se retire, on voit toutes ces petites dunes de sable qui se dessinent. C’est une action efficace sur le fonctionnement même de la rivière et c’est surtout magnifique quand un petit rayon de soleil permet de voir bouger les petits grains de sable".

Des déchets retirés, séchés, triés et envoyés dans des structures pour les recycler

Dans le fond d’une rivière, il y a de tout : des emballages, des sacs en plastique, des bouteilles, des pneus, de la ferraille, des électroménagers, des vêtements mais aussi des lingettes, un véritable cauchemar pour Ann-Laure. Les déchets retrouvés se comptent parfois en tonne : On peut faire 20 mètres en plusieurs jours et sortir plus d’une tonne ou on peut faire 1 kilomètre et ne sortir que 300 kilogrammes. Moi, je ne m’occupe que des déchets solides mais il y a aussi les pollutions liquides. Dans une rivière que je considère comme propre, il peut y avoir de l’hydrocarbure. Ça, c’est décevant".

La rivière peut parfois cacher des objets qui nous en disent beaucoup sur l’histoire : "Un des plus vieux objets retrouvés est un fusil à poudre de l’époque de Napoléon en amont du domaine à la poudre où Napoléon aurait stocké ses munitions et plus récemment, dans la Dyle, j’ai découvert à Court-Saint-Étienne, un vieil interrupteur en porcelaine de 1909. La date était mentionnée dessus.

Un projet qui vit grâce à l’aide de bénévoles !

Ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Chaque petit geste peut faire la différence et à Aer Aqua Terra, ces gestes sont portés par des bénévoles : AER Aqua Terra vit grâce aux bénévoles. Je dirais plutôt les bénévoles sont le carburant d’Aer aqua Terra. Nous, nous sommes le moteur et tout moteur a besoin de carburant".

Parmi les bénévoles, Ann-Laure peut compter sur l’aide de Samuel Dieudonné : Moi, personnellement, je suis venu par hasard, j’allais faire mes courses. Ils m’ont interpellé et m’ont proposé de les rejoindre. J’ai dit oui, je ne suis pas allé faire mes courses et je suis allé dans l’eau avec eux. Le virus m’a gagné et dès que j’en ai l’occasion, je viens !".

Une motivation sans faille !

Pour Samuel, contribuer à ce projet est très important : " cela permet de refaire une beauté à la rivière et puis personnellement, ça fait du bien ".

" C’est vraiment redonner vie à chaque mètre carré de la rivière, c’est vraiment lui rendre sa dignité, ces titres de noblesse. Ce sont les rivières qui ont creusé tous nos paysages et ont bien souvent donné leur nom au village et aux villes. Elles ont 10.000 ans nos rivières, ça force le respect. Comment faire pour ne pas se lever le matin et ne pas aller les nettoyer ? Ça, je me pose la question et je n’ai pas de réponse " conclut Ann-Laure.

Aer Aqua Terra a reçu le Prix de la Fondation Yves Rocher qui récompense des femmes qui s’investissent pour le bien-être de l’homme, de la nature et des animaux aux quatre coins de la planète.

Si vous souhaitez rejoindre le réseau des bénévoles, consultez le site

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