Le gouvernement grec s'est targué mercredi que l'accord conclu dans la nuit par ses créanciers, pour reprendre le versement de prêts au pays et alléger sa dette, ouvre la voie à la remise sur les rails de l'économie.
Les grands argentiers de la zone euro et le FMI "ont pris des décisions importantes", qui vont permettre d'injecter d'ici octobre 3,5 milliards d'euros dans les rouages grippés de l'économie nationale, et garantissent "pour une longue période, le financement de l'économie dans des conditions très favorables", a commenté une source gouvernementale.
Feu vert au déblocage de nouveaux prêts à la Grèce
"C'est un important moment pour la Grèce après tant de temps", s'est pour sa part réjoui plus tôt à Bruxelles le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, à l'issue de près de onze heures de réunion de l'eurogroupe, surtout destinées à combler les divergences entre le FMI et Berlin sur le traitement administré à la Grèce.
La réunion a débouché sur un feu vert au déblocage de nouveaux prêts à la Grèce et un accord pour des "mesures progressives" afin d'alléger la dette d'Athènes, condition sine qua non du FMI pour sa participation.
Selon la même source gouvernementale, la nouvelle tranche de prêts sera débloquée en deux fois: 7,5 milliards d'euros d'ici juin, et 2,8 milliards en septembre. Sur ce total, 3,5 milliards seront affectés au paiement des arriérés dus par l’État grec à ses fournisseurs, a relevé la même source gouvernementale.
Selon elle, l'Eurogroupe a aussi ouvert la voie à "un règlement immédiat de la question de la dette", avec "la mise en place d'une claire feuille de route qui normalise l'état des liquidités de l'économie" et va permettre "d'accélérer le retour du pays sur les marchés financiers", une échéance fixée à 2017 par Athènes.
Les accords renvoyés à l'automne
Le quotidien centriste Ta Néa tempérait toutefois en "Une" l'ampleur de la percée soulignant que le deuxième versement de septembre était soumis à de nouvelles conditions de réformes et qu'un réel accord de règlement sur la dette avait en fait été renvoyé à l'automne.
Le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras avait fait d'un arrangement sur la question de la dette la condition de sa soumission aux exigences d'austérité et de réformes des bailleurs de fonds du pays, et s'est employé ces dernières semaines à le présenter comme une contrepartie suffisante aux nouveaux sacrifices imposés aux Grecs, qui ont fait grimper la grogne sociale.
Pour convaincre les créanciers, M. Tsipras a fait adopter depuis avril deux douloureuses réformes, des retraites et de l'impôt sur le revenu, assorties d'augmentations des taxes indirectes et de mesures pour accélérer les privatisations.
Objectif irréaliste ou récessif?
Il a aussi accepté de mettre en place un mécanisme automatique de correction budgétaire pour garantir que le pays tiendra l'objectif d'un excédent primaire de 3,5% du PIB en 2018, pourtant jugé irréaliste par le FMI et récessif par nombre d'économistes.