Belgique

Abolir le changement d’heure, un réel impact sur nos factures d’énergie ? " Oui, mais… "

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Face à l’augmentation des prix de l’énergie, les Belges tentent de réduire leur consommation au maximum. Diminuer la température de leur habitation d’un degré, superposer les couches de vêtements, dégivrer son congélateur c’est bien, mais ça ne suffit plus. La population attend davantage d’aide des autorités. Chèques, étalements… et pourquoi pas l’abolition du changement d’heure ?

La question a maintes fois été évoquée et pourtant, la prise de décision est un véritable casse-tête. Pour mieux comprendre la situation, l’Observatoire royal de Belgique nous propose une remise en contexte. Jusqu’en 1892, chaque ville de notre plat pays est libre d’appliquer sa propre heure en suivant la course locale du Soleil. Passée cette date, l’heure est harmonisée sur l’ensemble du territoire et les Belges se calquent sur l’heure solaire de Greenwich (aujourd’hui appelée "UTC"). Mais les règles changent de nouveau lors de la Seconde guerre mondiale. A l’époque, tous les territoires occupés sont forcés d’adopter l’heure de l’Allemagne, UTC + 1, soit l’heure d’hiver actuelle.

La règle reste inchangée jusqu’en 1977. En raison d’un choc pétrolier en effet, les autorités politiques proposent un nouveau décalage d’une heure en période estivale. C’est l’heure d’été, à savoir UTC + 2. Et en 2001, la Commission européenne impose à tous les États de changer d’heure le dernier week-end de mars et le dernier week-end d’octobre. De cette manière, les ménages profitent plus longtemps de la lumière du jour et réalisent des économies d’énergie. Magnifique, nous direz-vous. Eh bien non. Selon les opposants au système, changer d’heure n’aurait finalement pas d’impact significatif sur nos factures d’énergie mais en aurait bel et bien sur notre santé et sur le nombre d’accidents de la route.

​​​​​​​D’imprévu en imprévu

Peu rassurée par ces constatations, la Commission européenne propose en 2018 d’abolir le changement d’heure. Selon les résultats d’une consultation, 4,6 millions de personnes y sont favorables, le président de la Commission européenne de l’époque, Jean-Claude Juncker est décidé : le changement d’heure, c’est ter-mi-néLa décision finale est attendue en 2020, le temps de trouver un accord au sein du Conseil. Oui mais en 2020, les priorités des dirigeants changent. Le coronavirus est au centre de toutes les préoccupations.

On projette donc de statuer en 2022. Mais en 2022, c’est la guerre en Ukraine qui bouleverse cette fois les agendas.

Vraiment une bonne idée ?

Selon nos informations les plus récentes, la question du changement d’heure saisonnier n’est plus à l’ordre du jour. Mais entre 2018 et 2022, la situation financière des ménages belges a changé. Il convient donc de s’intéresser à l’impact positif ou négatif que pourrait avoir cette décision sur le portefeuille des citoyens actuellement.

Faute d’avoir obtenu une réponse du cabinet du ministre de l’Energie, Philippe Henry, "QR le débat" a demandé à l’Observatoire royal de Belgique de se positionner quant à l’abolition de ce système par les temps qui courent. "Les résultats des études sont contradictoires", nous répond la chercheuse Pascale Defraigne. Pour elle, il n’est pas nécessaire d’abolir le changement d’heure pour diminuer la facture énergétique de la population.

"L’abolition du changement d’heure saisonnier pourrait aider les Belges, mais pas tout au long de l’année. On gagnerait plutôt à décaler les changements d’octobre à septembre et d’avril à mars "

En effet, si cela n’a pu être démontré, la chercheuse estime que si le soleil se levait plus tôt en automne, les ménages auraient moins besoin de se chauffer le matin et pourraient profiter le soir, malgré la nuit tombée, de la chaleur emmagasinée durant la journée.

L’heure d’été ou l’heure d’hiver ?

Mais si toutefois la Commission européenne décidait un jour d’abolir le changement d’heure, il faudrait, si l’on suit la réflexion de la chercheuse, régler nos horloges à l’heure d’hiver. Tout le contraire de ce que la Belgique déclarait vouloir faire en 2007 déjà. "Dans les années 90, le Portugal qui a une heure de décalage avec l’Espagne a essayé de se calquer sur l’heure espagnole. Ils se sont retrouvés dans la même situation que la nôtre si nous étions à l’heure d’été toute l’année. Ils ont tenu quatre ans. Ils trouvaient la situation ingérable et ont constaté que les élèves étaient plus fatigués en classe, et que le nombre d’accidents de la route avait augmenté. Ce ne serait donc pas tenable chez nous non plus, d’autant plus que le soleil se lève plus tôt au Portugal qu’en Belgique. Garder l’heure d’été toute l’année serait une grosse erreur."

Quoiqu’il en soit, la Belgique ne pourra pas prendre cette décision seule. "Cela relève d’une directive européenne."

Sur le même thème : extrait de "On n'est pas des Pigeons" du 29/10/2022

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