Pourquoi en réduire le nombre ?
Pour "mieux répartir la charge de travail entre les justices de paix [...] dans le respect de la proximité de la justice pour le citoyen", dit le gouvernement. "Pour faire des économies sur le dos des justiciables", répond l'opposition.
Dans son analyse d'impact de la réglementation, le projet de loi voit en effet un impact positif. "Les doubles et triples cantons disparaissent, ce qui aura pour conséquence que les juges de paix et les greffiers ne devront plus se déplacer à un autre siège de leur canton."
La distance qu’il fallait parcourir à cheval et en charrette
Quant à l'impact négatif causés par la fermeture de certains cantons, le projet de loi estime qu'il sera "minime". "La distance jusqu’à la justice de paix s’allongera pour certains citoyens. Cet impact doit toutefois être nuancé pour les motifs suivants :
- le nombre toujours plus grand de dossiers numériques ;
- la distance à la naissance de la Belgique calculée sur la base de la distance qu’il fallait parcourir à cheval et en charrette ;
- le nombre réduit de fois où le citoyen moyen doit faire appel à une justice de paix au cours de sa vie."
"La suppression d'un certain nombre de justices de paix n'est pas une bonne chose pour le justiciable qui devra dès lors se déplacer plus loin. Cela aggravera les problèmes auxquels les justices de paix font déjà face", déclarait en octobre dernier Jean-Hwan Tasset, le président de l'Union Royale des Juges de Paix et de Police (URJPP).
Même son de cloche au PS. Dans un communiqué diffusé ce mardi 14 novembre, la députée socialiste Özlem Özen note que "les juges de paix représentent à peine 8% des magistrats du pays et rendent près de 40% des décisions de justice du royaume. Le rassemblement de plusieurs cantons aura pour effet d’augmenter la charge de travail de 25% dans certains arrondissements. Comment les magistrats pourront-ils gérer cet afflux de nouveaux dossiers alors même que leur cadre n’est pas rempli et que certains d’entre eux sont déjà débordés ?"
Face à une telle levée de bouclier, Koen Geens, le ministre de la Justice, a fait cette déclaration mardi en commission à la Chambre : "Si l'on m'avait dit que cette réforme réclamait autant de doigté et de diplomatie, j'aurais demandé à y renoncer."