Dans ses Carnets d’opéra, Nicolas Blanmont nous parle d’Armide (1777), drame héroïque de Christoph Willibald Gluck sous la direction de Christophe Rousset à l’Opéra Comique de Paris.
Qui mieux que Christophe Rousset pouvait redonner toute sa splendeur à l’Armide de Gluck ? Oublié à Paris depuis plus d’un siècle (1913 !), l’opéra qui avait vu le Chevalier Gluck relever le défi de reprendre le mythique livret écrit par Quinault pour Lully vient de retrouver, à l’Opéra-Comique, les honneurs de la scène. Certes, même réarrangé et privé de son prologue royaliste, le livret de Quinault n’offre pas à la géniale musique de Gluck toute l’épure des poèmes d’Orphée et Eurydice ou des Iphigénie, mais la partition n’en reste pas moins splendide : dans la fosse de la Salle-Favart, Rousset montre qu’il connaît aussi bien Lully que Gluck, et son sens théâtral permet de magnifier l’œuvre au-delà de ses faiblesses.
Il bénéficie aussi de l’incarnation intense par Véronique Gens de la Magicienne amoureuse, avec en face d’elle un Ian Bostridge inattendu mais extrêmement convaincant dans le rôle du Chevalier Renaud. L’excellence de la direction et de la distribution, mais aussi de l’orchestre (Les Talens Lyriques) et du chœur (Les éléments) font oublier la mise en scène un peu naïve et plate de Lilo Baur, particulièrement malhabile dans la gestion des mouvements. Les belles lumières de Laurent Catsaingt et les costumes japonisants de’Alain Blanchot font illusion au début mais, ensuite, le style Guerre du feu/RRRrrr !!! prête plutôt à sourire.