La marque "Türkiye" l’emporte donc, en tout cas à l’ONU car pour le reste chacun reste libre d’employer les mots Turquie, Turkey, Turchia, Törökország, Turkije ou Tourkeye (en wallon)…
Pour le président turc, c’est une victoire symbolique. Il se pose ainsi en protecteur de son pays, notamment en défenseur du "made in Türkiye".
"Certains peuvent trouver ce changement de nom idiot, mais cela place Erdogan dans le rôle du protecteur et de la sauvegarde du respect international à l’égard du pays", analyse Mustafa Aksakal, professeur d’histoire à l’université Georgetown de Washington, dans le New York Times.
Le journal rappelle qu’en juin 2023, après 20 ans de pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, la Turquie tiendra une élection présidentielle et qu’elle célébrera également le 29 octobre le centenaire de sa fondation.
Pour les Turcs eux-mêmes, cela changera peu de choses, vu qu’ils utilisent déjà ce terme depuis la déclaration d’indépendance du pays en 1923. Avant cela, c’était l’Empire ottoman. En fait, c’est plus un changement d’orthographe que de nom, mais il est porteur de sens, d’une affirmation de l’identité et du poids de la Turquie à un moment où Ankara s’affirme comme puissance régionale majeure, suite à la guerre en Syrie et à présent avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Des affirmations de l’identité
La Turquie n’est pas le premier pays à ainsi changer de nom. Et souvent, il est difficile d’imposer la nouvelle appellation. Combien d’entre nous ne continuent-ils pas à parler de la Hollande au lieu des Pays-Bas ? Par contre la Perse est bien devenue l’Iran pour tout le monde.
Le Congo s’appelait le Zaïre entre 1971 et 1997. Là aussi, c’est la volonté du chef qui a primé. A peine arrivé au pouvoir, le président Laurent Désiré Kabila efface l’appellation de Zaïre voulue par son prédécesseur, Joseph Désiré Mobutu en lui ajoutant l’adjectif démocratique à la république du Congo. Pareil au Cambodge, appelé Kampuchéa pendant l’ère des Khmers rouges avant de reprendre son nom.
La décolonisation a entraîné un nombre considérable de changements de noms. Les Indes orientales néerlandaises sont devenues indépendantes sous le nom d’Indonésie.
Le Bangla Desh était connu comme Pakistan oriental puis Bengale oriental après le départ des Britanniques. Pareil pour le Ceylan, aujourd’hui indépendant sous le nom cingalais de Sri Lanka mais toujours présent sur les paquets de thé. Ou encore la Birmanie, devenue Myanmar.
La Rhodésie du sud, dont le nom est un hommage au colon britannique Cecil Rhodes, a porté ce nom jusqu’en 1980 avant d’être rebaptisée Zimbabwe. Le Burkina Faso, ancienne Haute Volta, est un autre exemple de retour à un nom africain tout comme le Bénin, ancien Dahomey.
Pareil pour la Guyane hollandaise qui a pris le nom de Suriname, et le Honduras britannique celui de Belize.
Plus récemment la Macédoine est devenue la Macédoine du Nord pour des raisons politiques en 2018, et le Swaziland, "eSwatini".