Paradis perdus, c’est le titre du premier tome de La Traversée des Temps, qu’Éric-Emmanuel Schmitt vient de publier aux éditions Albin Michel. Cette Traversée des Temps affronte un prodigieux défi : raconter l’histoire de l’humanité sous la forme d’un roman.
Depuis plus de trente ans, ce projet titanesque occupe Éric-Emmanuel Schmitt. Accumulant connaissances scientifiques, médicales, religieuses, philosophiques, créant des personnages forts, touchants, vivants, il lui donne aujourd’hui naissance et nous propulse d’un monde à l’autre, de la préhistoire à nos jours, d’évolutions en révolutions, tandis que le passé éclaire le présent.
Paradis perdus lance cette aventure unique. Noam en est le héros.
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Le livre d’une vie
Éric-Emmanuel Schmitt a eu l’idée de ce projet à 25 ans, mais il n’était pas capable à cet âge-là d’écrire un tel livre. Il fallait avoir de multiples connaissances, mais aussi le souffle romanesque d’emmener les lecteurs dans une histoire de plusieurs milliers de pages. "Et donc, j’ai travaillé mon souffle pendant toutes ces années."
On part donc dans une épopée, où l’ambition est de raconter l’histoire de l’humanité en 8 volumes, de la fin du néolithique à la révolution industrielle.
"C’est cette volonté de raconter l’Histoire sur ses temps longs, pas l’histoire des intrigues, des cours, l’histoire politique, en ce sens-là. Mais vraiment l’histoire de nos mentalités, de nos sociétés, des changements qui nous ont fait arriver dans le monde où nous sommes.
Et puis, le goût du romanesque qui vient d’Alexandre Dumas, puisqu’en fait, tout commence à 8 ans. J’ai lu Les Trois Mousquetaires quand j’avais 8 ans et je me suis mis à aimer la littérature. Dans ce livre, il y a aussi la volonté d’avoir des personnages forts, des coups de théâtre, des rebondissements, parce qu’il s’agit d’abord d’emporter le lecteur et en même temps de l’instruire."
Noam et l’immortalité
Tout au long de cette épopée, on va suivre un personnage unique, Noam, dont le principal souci est qu’il ne peut pas mourir.
"Je ne crois qu’à quelqu’un qui dit 'je'. C’est toujours une âme qui raconte. Et donc j’avais envie d’entendre la voix de cette âme qui a traversé les siècles. Ce n’est pas forcément un cadeau d’être immortel. Parce qu’être immortel, ça veut dire perdre des gens qu’on aime, ne pas vivre une histoire d’amour au même rythme que la personne qu’on aime, fuir régulièrement pour cacher son identité… C’est une immense solitude.
Et être immortel, ce n’est pas avoir des réponses aux questions qu’on se pose, c’est traîner perpétuellement les mêmes questions et peut-être aussi les mêmes chagrins. Et donc je ne souhaite l’immortalité à personne, et pas à moi non plus. Ça tombe bien…"