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Près de chez nous

A la norvégienne : 1889, le compositeur Edvard Grieg se produit à La Monnaie devant une foule conquise

C'est arrivé près de chez nous

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Le compositeur et pianiste norvégien Edvard Grieg faisait déplacer les foules au XIXe siècle. A Bruxelles, il donne un concert à La Monnaie en 1889, acclamé par le public. Xavier Falques nous en dit plus dans "C’est arrivé près de chez nous".

Dimanche 8 décembre 1889, la salle du Théâtre de la Monnaie est bondée. Pourtant, ce jour-là, ce n’est pas à un opéra que vient voir le public, mais un compositeur. Le compositeur en question est Edvard Grieg et le moins que l’on puisse dire c’est que la musique du norvégien est de celle capable de faire déplacer les foules.

Grieg arrive à Bruxelles avec son épouse dans la journée du 26 novembre 1889 et son calendrier est bien chargé. Prévoyante, la maison d’édition Schott Frères sise rue Saint-Jean à Bruxelles, et distributrice des œuvres de Grieg en Belgique, planifie deux concerts de musique de chambre en prélude à la grande soirée orchestrale du 8 décembre.

Le premier a lieu le 30 novembre dans la salle de Grande Harmonie et le second au cercle artistique et littéraire, actuel Cercle Gaulois quelques jours plus tard. Et si la musique qui y est représentée est entièrement du compositeur, il n’est pas le seul musicien sur scène. On retrouve son ami et champion, le pianiste Arthur de Greef, le violoniste allemand Gustav Hollaender, remplaçant Eugène Ysaÿe initialement annoncé, le violoncelliste Édouard Jacobs, mais également MadameGrieg qui interprète quelques lieder avec son mari au piano.

Et justement, avant même de goûter aux grandes œuvres orchestrales, c’est le pianiste qui est apprécié par le public et la presse. Le critique du journal Le soir s’exprime sans ambages : "Au milieu du clinquant de l’art contemporain, je ne sais quel parfum étrange et captivant se dégage de tout cela ". Le critique de L’indépendance belge précise : " En ces deux séances intimes, M. Grieg a tenu le piano avec une vaillance infatigable, tour à tour accompagnateur et soliste, toujours poète, jamais virtuose. Et c’était un plaisir d’entendre ce pianiste qui a justement la prétention de ne pas l’être".

Pour la soirée du 8 décembre, Joseph Dupont et les concerts populaires ont eux aussi été prévoyants en demandant à utiliser la salle du Théâtre de la Monnaie, qui s’est remplie rapidement. Au programme, des œuvres déjà entendues chez nous, comme le concerto pour piano, la suite d’orchestre du Peer Gynt, ou les mélodies élégiaques, mais aussi deux créations belges, l’ouverture Automne et le mélodrame Bergliot. Ce dernier est un sujet sombre, histoire d’assassinat et de vengeance, basée sur un poème du futur Nobel de la littérature : Bjornstjerne Bjornson. Il s’agit certainement de l’œuvre la plus audacieuse du concert, une œuvre qui mêle récitation et plages orchestrales, liées avec une intelligence et un savoir-faire propre au compositeur. Les critiques sont enthousiastes et affirment qu’il s’agit là d’un des morceaux mélodramatiques les plus réussis qui ait été tenté.

Après ce succès, digne de renforcer son amour-propre, comme on peut le lire, Grieg repart comme il est venu, enfin plus ou moins puisqu’il se dirige vers Paris avec, dans ses valises, notre virtuose du piano Arthur de Greef.

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