Sciences et Techno

À la conquête de la tech : "Girls just wanna have science"

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Mais pourquoi ? Pourquoi les filles et les femmes ne représentent-elles encore, en dépit de leurs talents, que 28% des diplômées en ingénierie et 40% des diplômés en informatique ? Ces chiffres issus du dernier Rapport de l’UNESCO sur la science, montrent l’indispensable : rappeler, au-delà d’une fois par an, que la moitié de la population mondiale peut et doit offrir son potentiel dans des matières trop longtemps réputées "masculines".

Une fois par an ? C’est en effet, ce 11 février, la journée internationale des femmes et des filles de science, à l’initiative des Nations Unies. La huitième du genre, censée bâtir des "passerelles entre la communauté internationale et les femmes scientifiques". En espérant qu’un jour, ce soient des ponts qui aient été franchis, et que les femmes et filles se sentent légitimes, fortes de leurs capacités, et déterminées à prendre leur place dans le monde technologique, mathématique, scientifique et digital.

"Seule une personne sur cinq travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle est une femme", rappelle le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres. Et pourtant, elles excellent… Attendez de lire plus bas ce que nous dit Jenny Ambukiyenyi, cofondatrice d’une start-up belge dans le domaine de l’intelligence artificielle.

En Belgique, le fossé entre le nombre d’hommes et de femmes dans le secteur des STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) reste énorme : d’après le SPF Economie, la Belgique comptait en 2020 trois fois moins de femmes diplômées dans ces matières, par rapport aux hommes : seulement 8,4 femmes pour 10.000 habitants de 20 à 29 ans, contre 22,8 hommes.

La Belgique se situe sous la moyenne européenne, car l’Europe compte en moyenne 14 femmes et 27,7 hommes diplômés en STEM pour 10.000 habitants de la même tranche d’âge.

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Dans le secteur digital, l’inégalité entre hommes et femmes est vraiment flagrante. D’après le SPF Economie, seulement 1,87% des femmes de 16 à 74 ans travaillent et sont actives en tant que spécialistes en technologies de l’information et de la communication en Belgique, contre 7,8% des hommes.

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Jenny Ambukiyenyi est l’une de ces femmes qui font qu’on se demande pourquoi on va encore les voir essentiellement parce que ce sont des femmes. Un jour, peut-être ? Ce ne sera plus un sujet ?

Diplômée d’un Master en sciences de gestion de l’Université de Liège, elle a cofondé une entreprise qui propose des services de développement sur mesure d’intelligence artificielle. Fit for Purpose, c’est son nom, veut proposer de l’intelligence artificielle accessible à un plus grand nombre de personnes. Elle s’adresse aux entreprises, petites ou grandes et propose une technologie biométrique permettant d’identifier non seulement l’identité d’un humain, mais aussi d’un animal.

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J’ai fait mon petit bout de chemin

Jenny Ambukiyenyi sort cette phrase, modestement, car elle aussi a eu des phases de doute : " C’est une phase par laquelle, je pense, beaucoup de personnes peuvent passer, que ce soit hommes comme femmes, peut-être un peu plus pour les femmes, parce qu’on est moins représentées dans ces secteurs-là, mais c’est quelque chose sur lequel il faut vraiment travailler : toujours avoir de la visibilité et donner de la visibilité aux jeunes générations, pour qu’elles puissent tout simplement se retrouver dans certains personnages et se dire moi aussi je peux y arriver. Et c’est quelque chose sur laquelle en tout cas, on est en train de travailler très fortement.

Les modèles

On a tous et toutes besoin de modèles. Pour les filles, ils sont trop peu visibles et trop peu nombreux dans les domaines scientifiques, technologiques et mathématiques. Notre IT-woman s’y est raccrochée, dans les moments de découragement : "Dans ces moments-là, c’est vrai qu’on se raccroche tout simplement. On est motivé par des modèles qu’on trouve en Belgique ou en dehors, tout simplement, des personnes qui ont vécu les mêmes difficultés, les obstacles. Alors, on s’inspire de leur histoire tout simplement pour se dire 'ben tiens, cette personne a fait comme ça, pourquoi pas moi ?' Et j’essaie de l’appliquer tout simplement dans mon écosystème pour pouvoir avancer effectivement. "

Quelles difficultés ?

Dans son domaine, cette professionnelle de l’AI a rencontré des obstacles, mais elle souligne l’évolution positive de la société : "On arrive dans un secteur qui est très masculin, où l’on doit pouvoir endosser parfois des responsabilités, donc des positions à responsabilité, où il faut faire valoir ce qu’on a à dire. Il faut pouvoir argumenter aussi et donc forcément, [étant] un peu nouvelles, un peu moins représentées et moins soutenues d’un point de vue féminin, il faut pouvoir avoir des épaules assez larges pour pouvoir assumer ce genre de choses.

Mais voilà, il y a aussi beaucoup de personnes de ces secteurs-là qui ont aussi les mains grandes ouvertes pour pouvoir accepter justement plus de diversité. Parce que tout simplement, la diversité, ça amène, je pense, un processus créatif beaucoup plus enrichi puisqu’on a des personnes de différentes provenances et différentes cultures, de différentes filiales si je peux dire, comme ça, et donc du coup, ça booste un peu l’innovation. Et donc, je pense qu’on est dans une tendance qui est assez positive en tout cas où on a de plus en plus besoin de diversité et de personnes différentes dans les postes à hautes responsabilités."

Une entreprise 50/50

La parité, dans son entreprise, Jenny Ambukiyenyi l’applique totalement : "On est 50-50, c’est parfait, donc on a vraiment une représentation féminine et masculine. On a aussi besoin d’hommes, il ne faut pas oublier aussi. Donc c’est aussi quelque chose qui influence un petit peu aussi, je pense, au sein de l’entreprise. Une spirale positive au niveau des débouchés."

Celles qui étaient ados dans les années 80 et les jeunes amatrices de vintage ont sûrement en tête les paroles en anglais du tube planétaire de Cindy Lauper "Girls just wanna have fun" : 

"… I come home, in the mornin' light
My mother says, "When you gonna live your life right?"
Oh momma dear, we're not the fortunate ones
And girls, they wanna have fun

Oh girls just wanna have fun"

Et si on changeait un mot dans le refrain ? 

Sur le même sujet : extrait du JT du 11/2/23

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