Comment 'faire une tête' ? Comment représenter un corps, une silhouette ? Voici ce qui anime Giacometti au cours de quelque trente années de création. 'Alberto Giacometti – l’Humanité absolue' est l’une des premières expositions monographiques d’ampleur de l’artiste en Belgique, dans une scénographie en harmonie avec l’architecture singulière de La Cité Miroir, à Liège.
L’exposition 'Alberto Giacometti – l’Humanité absolue' comprend 35 chefs-d’œuvre en bronze de la collection de la Fondation Giacometti et d’exceptionnelles lithographies issues de l’ouvrage mythique de Giacometti, 'Paris sans fin'. Sculptures et dessins sont à découvrir jusqu’au 17 janvier 2021.
La représentation de l’humain
L’exposition présente l’oeuvre de Giacometti sous un angle particulier, indissociable de l’oeuvre de l’artiste : celui de sa représentation de l’humain, et notamment à travers le regard de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir. Ils se connaissent, fréquentent les mêmes lieux à Paris dans l’après-guerre, et ils vont se retrouver sur un même terrain philosophique, explique Jean-Michel Heuskin, directeur de la Cité Miroir
"Ce qui est intéressant, c’est cette approche que la Fondation Giacometti nous a proposée, pour répondre à la philosophie du lieu de la Cité Miroir : c’est ce regard sur l’humain que Giacometti a eu tout au long de sa carrière, cette recherche de la beauté à travers ses sculptures, son insatisfaction permanente et son travail permanent sur les mêmes sujets et les mêmes modèles.
C’est ce qui a fasciné Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Ils se sont influencés un peu mutuellement. C’est une rencontre assez exceptionnelle qui a probablement compté dans le parcours artistique d’Alberto Giacometti."
Une recherche d’absolu
Alberto Giacometti a toujours travaillé avec des modèles qui faisaient partie de son entourage : des amies, des membres de sa famille, son épouse, son frère, des intellectuels qu’il fréquentait. Il a jeté énormément d’oeuvres parce qu’il était toujours insatisfait. Il voulait retranscrire dans ses sculptures ce qu’il voyait, le regard qu’il avait sur les gens.
C’est pourquoi les statues présentées à Liège sont de petite taille, parce que quand on regarde les personnes de loin, on les voit petites, précise Jean-Michel Heuskin. C’était ses sculptures préférées, qu’il transportait parfois dans sa poche, pour pouvoir les montrer. Même si on pense souvent à ses grands personnages, dont l’Homme qui marche.
Ce travail se retrouve aussi dans 'Paris sans fin', les lithographies qui accompagnent l’exposition, dans ce regard permanent sur son entourage, sur les gens qu’il croisait, cette recherche de parfaits croquis de l’expression de l’humain.
L’évolution est claire, entre 1935 jusqu’à 1965, dans le travail de Giacometti que l’on découvre à la Cité Miroir. Il va vers un travail de plus en plus figuratif. Il est au départ très précis dans son travail, puis cela se dilue, ses dernières statues sont presque des fils de fer. Peut-être a-t-il voulu retranscrire ce qu’on ne voit pas du personnage ?
L’atelier de Giacometti
Dans le cadre magnifique de la Cité Miroir, la scénographie propose une reconstitution de l’atelier de Giacometti, une évocation de cet endroit où il a vécu pendant 40 ans, et pratiquement jusqu’à sa mort. Il y dormait et y vivait de façon très spartiate. Les murs étaient recouverts de fresques, d’esquisses, de dessins,… Une décoratrice de cinéma a travaillé sur le décor à la Cité Miroir, pour restituer cette ambiance.
L’objectif est de faire comme si on rentrait dans son atelier, un film nous permet d’être accompagnés par sa voix, de son atelier jusqu’à ses oeuvres. La Cité Miroir cherche toujours à constituer une ambiance, à mettre le visiteur dans un contexte particulier, dans une émotion particulière.
L’exposition est visible jusqu’au 17 janvier 2021, avec l’espoir d’une prolongation.
Pour la visiter, il est nécessaire de réserver en ligne.
Infos et réservations sur le site de la Cité Miroir