"Dans ces balls, la communauté noire LGBT parodie les concours de beauté de l’élite blanche, leurs postures et leurs gestuelles… Ils et elles commencent par prendre des poses très maniérées, inspirées des parades sur les podiums. Le nom voguing vient d'ailleurs du magazine Vogue qui incarnait tout ce à quoi cette communauté n’avait pas accès : la mode, l’argent, le luxe, la richesse, le capitalisme…", indique un article de France Inter. Longtemps marginalisé·es les vogueurs et les vogueuses sont aujourd’hui sur le devant de la scène. Regard 40 ans en arrière...
Anthropologie et photographie
La mégapole américaine, Nick Kuskin la connait bien : c’est là qu’il voit le jour dans les années 60 dans une famille d’artistes. "Ma grand-mère était déjà photographe dans les années 20. Ma mère était autrice et poète pour enfants, mon père musicien de hautbois." Évoluant dans un milieu intellectuel et ouvert, la culture s’impose à lui. Son rapport au monde est également influencé par le brassage et la diversité des identités de sa ville. Adolescent, il se passionne pour la photographie. À 17 ans, il travaille notamment pour de nombreux professionnels, tel que Neil Selkirk qui collaborait avec l’immense Diane Arbus. À l’université, il étudie la photographie et l’anthropologie. "Je voulais explorer les cultures à travers la photo."
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Tout fraichement diplômé en 1982, il accompagne deux de ses amis réalisateurs italiens à une fête. "Il y avait des personnes transgenres. À l’époque, ils et elles faisaient partie de la ‘sub-culture’, et étaient très marginalisé·es dans la société." Ses amis, bien intégrés dans la communauté queer, sont invités par Pepper Labeija, icône des balls, à tourner un film au Harlem Fantasy Ball. En accompagnant l’équipe de tournage, le photographe saisit cet espace d’expression de soi à une époque de stigmatisation violente envers les personnes LGBTQIA+. "À présent, les balls sont entrés dans la culture populaire, mais à ce moment-là personne ne les connaissait. Les photos que j’expose aujourd’hui ont été prises lors de ce tournage réalisé en 24h. Nous sommes probablement l’une des premières équipes à avoir documenté les balls."
Je n’ai jamais oublié ces photos, je m’en souvenais même comme l’une des expériences les plus créatives et humanistes de ma vie