On n'est pas des pigeons

A Bruxelles, les professionnels troquent la camionnette pour le vélo cargo

Ils sont chauffagiste, pédicure, laveur de vitre, électricien ou encore serrurier. Comme de plus en plus de professionnels, ils troquent la camionnette pour le vélo cargo.

Vélo cargo d'entreprise.
Vélo cargo d'entreprise. © Getty Images

D’année en année, les travailleurs se rendent davantage au travail à vélo. Mais dans la capitale, un autre phénomène se développe. Pigeons vous en parle.

L'exemple de Kévin Vandergoten

Kévin Vandergoten est serrurier. Passionné de cyclisme depuis le plus jeune âge, il parcourt désormais 40 à 50 kilomètres par jour pour dépanner ses clients aux quatre coins de la ville. Son plus grand défi ? Ce n’est pas la météo, pourtant piquante le jour de notre rencontre, ni le paysage vallonné de Bruxelles (si, si !), mais plutôt l’organisation pour parvenir à ranger tout le matériel nécessaire dans sa petite remorque.

Quand je dis au client que j’arrive dans une demi-heure, je suis là dans la demi-heure !

Les avantages sont évidents pour Kévin : pas d’embouteillage, pas de parking à trouver, et moins de stress. Le client y trouve son compte également. "Le prix du déplacement restera toujours le même, je ne dois pas le répercuter sur la facture, et quand je dis au client que j’arrive dans une demi-heure, je suis là dans la demi-heure !"

Gain de temps, d’efficacité et d’argent

Alors que le cyclo-serrurier croise de plus en plus de professionnels juchés sur leurs engins, le concept fait également son chemin dans le secteur de la livraison. A Anderlecht, Urbike réceptionne des colis pour les pharmacies, pour les libraires, ou encore coiffeurs. Mais aussi pour les particuliers, qui seront livrés partout en ville à la force des mollets de son équipe.

Aujourd’hui, le dernier kilomètre peut coûter jusqu’à 50% du prix total.

Le dernier kilomètre devient plus efficace, plus vert, et moins cher, souligne Renaud Sarrazin, cofondateur d’Urbike: "Aujourd’hui, le dernier kilomètre peut coûter jusqu’à 50% du prix total."

Les livreurs connaissent la ville comme leur poche, se faufilent partout, y compris dans le piétonnier ou des endroits difficilement accessibles aux camions ou camionnettes. Ils ne restent pas coincés dans les bouchons, quel que soit le moment de la journée, et ne génèrent pas de CO2.

Le système a ses limites, en termes de poids et de dimensions, mais les livreurs – cyclistes peuvent transporter des colis jusqu’à 30 kilos le paquet, quand leur cargaison peut atteindre plus de 200 kilos de marchandises. Une capacité de chargement qui peut concurrencer des petits véhicules utilitaires. Même la grande distribution est séduite. Urbike permet d’achalander quotidiennement des petits points de vente du centre-ville qui ne disposent pas de stock.

Un modèle économique, mais aussi social

Le système est socialement bien loin des modèles de livraison aux particuliers qui se sont développés ces dernières années, rassure Renaud Sarrazin. La coopérative salarie ses travailleurs et les intègre dans le projet. "On se met en porte à faux par rapport à l’économie de plateformes que tout le monde connaît, la livraison de plats à domicile, dans un cadre social, avec une volonté de valoriser le travail, construire quelque chose de vertueux, tant pour la société que pour l’emploi et nos propres salariés."

Des aides à l’investissement et à la conversion

Un vélo cargo, c’est un investissement de plusieurs milliers d’euros. Pour encourager les professionnels à franchir le pas, la Région bruxelloise propose une prime, la prime Cairgo Bike, qui permet aux professionnels bruxellois de profiter d’une réduction de 50% à l’achat d’un vélo cargo et/ou d’une remorque.

Et pour les aider dans leur transition, Urbike peut sortir sa casquette de consultant, en accompagnant les organisations publiques ou privées, qui souhaitent durabiliser leurs processus. La coopérative s’appuie sur son expérience de la livraison pour les accompagner dans ce changement. Elle peut aussi former les professionnels de tous secteurs d’activité, les aider à s’équiper en les conseillant sur les vélos les plus adaptés. En testant leur métier avec une flotte de vélo mise à disposition pour les mettre en selle et en confiance.

Et qui dit coopérative, dit coopérateursSi vous souhaitez les rejoindre en investissant dans le projet, Urbike lance un appel aux nouveaux coopérateurs et espère atteindre cette année 500 000€ de capital citoyen.


Retrouvez "On n’est pas des pigeons" du lundi au vendredi à 18h30 sur la Une et en replay sur Auvio.

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