Bruxelles

A Bruxelles, le photovoltaïque "gratuit" en plein boom pour faire face aux prix de l’énergie

Il ne faut pas déplacer de tuile pour poser les panneaux. Les fixations passent directement sous les rangées pour se fixer aux poutres du toit

© B. Schmitz – RTBF

Par Bruno Schmitz

A Bruxelles, l’une des pistes pour réduire ses factures énergétiques en ces temps d’augmentation des prix, c’est d’installer des panneaux photovoltaïques. En partenariat avec la Région, la société EnergyVision propose d’installer à ses frais des panneaux sur votre toit et de les entretenir pendant 25 ans.
Vous ne devez pas débourser le moindre euro et, en plus, vous bénéficiez d’électricité gratuite en journée. C’est ce qu’on appelle le tiers investisseur. A Bruxelles, plusieurs sociétés le proposent. Le projet d'EnergyVision s'appelle, lui, "Brusol" et il est en plein boom.
 

Baisse de 30 à 40% à venir sur la facture d’électricité

C’est en plein cœur d’Anderlecht qu’on retrouve une équipe d’installateurs Brusol en plein boulot. Dans le quartier de Cureghem, un nouveau magasin de bricolage va bientôt ouvrir ses portes. A l’intérieur, des ouvriers s’affairent pour finir le plafonnage des murs. Et sur les toits, il y a aussi beaucoup de va-et-vient. "On vient de terminer de poser les structures sur le toit", indique Paško Koja, l’un des installateurs Brusol. "On est en train de tirer les câbles électriques qui seront reliés aux panneaux, ensuite il restera à poser les panneaux photovoltaïques eux-mêmes".

Paško Koja et ses collègues n’ont plus que quelques câbles à tirer avant de pouvoir poser les panneaux sur ce toit.
Paško Koja et ses collègues n’ont plus que quelques câbles à tirer avant de pouvoir poser les panneaux sur ce toit. © B. Schmitz – RTBF

Ici, les équipes en ont pour deux jours de chantier. C’est une grosse installation. "Normalement 38 panneaux en tout sur les différents pans de toit de mon immeuble", indique Hassan Jmil, le propriétaire des lieux. L’homme a le sourire et regarde tout cela de manière détachée. Il faut dire que quand on lui demande ce qu’il va débourser pour installer ces 38 panneaux ? "Ben, rien du tout, c’est génial", se réjouit-il.

En fait, Brusol loue en quelque sorte le toit d’Hassan Jmil pour 25 ans. C’est la société qui paie, fournit, installe et entretient les panneaux durant cette période. Elle se rembourse grâce aux certificats d’énergie verte produite, qu’elle revend ensuite à la région et aux fournisseurs d’électricité.
Le propriétaire du toit, lui, n’a rien à faire, ni au niveau administratif, ni pour le chantier, ni pour d’éventuelles réparations durant les 25 années à venir. Et, en plus, il bénéficie de l’électricité gratuite qui est produite en journée lorsque les panneaux fonctionnent (il doit payer cette électricité lorsqu’il n’y a pas de lumière et que ces panneaux ne produisent pas ou s’il consomme plus que ce qui est produit via son installation). "On a calculé qu’on devrait économiser environ 300 à 400 euros sur une facture de 1000 euros". Ça, c’est pour l’électricité. Mais sa facture de gaz diminuera aussi puisque Hassan Jmil utilisera désormais des chaudières électriques pour chauffer ses magasins en journée, vu que cette énergie sera gratuite. "Par les temps qui courent, tout augmente, le gaz, l’électricité… Et voilà, on essaie de faire une affaire, hein", sourit-il.

Hassan Jmil bénéficiera bientôt de l’électricité produite en journée par les 38 panneaux photovoltaïques qui ont été installés sur ses toits et qui serviront notamment à alimenter son nouveau magasin de bricolage à Anderlecht.
Hassan Jmil bénéficiera bientôt de l’électricité produite en journée par les 38 panneaux photovoltaïques qui ont été installés sur ses toits et qui serviront notamment à alimenter son nouveau magasin de bricolage à Anderlecht. © B. Schmitz – RTBF

Des demandes qui ont doublé

Une affaire qui tente de plus en plus de Bruxellois. Depuis le début de l’année, le nombre de demandes d’installations chez Brusol via cette technique du tiers investisseur a déjà doublé par rapport aux chiffres de l’an dernier. "En moyenne, ces deux dernières années, nous avons placé environ 120 nouvelles installations chaque mois", indique Meghan Richil, du projet Brusol chez EnergyVision.

"Mais depuis début décembre et la hausse régulière des prix de l’énergie, ces chiffres explosent. On est déjà à 500 demandes depuis le début de l’année. C’est donc le double des années précédentes. EnergyVision a d’ailleurs dû recruter en masse pour y faire face. On vient d’engager une vingtaine de nouveaux collaborateurs et on recrute encore pour pouvoir suivre".

Le nombre d’installations n’a cessé de croître depuis le lancement de Brusol en 2018.
Le nombre d’installations n’a cessé de croître depuis le lancement de Brusol en 2018. © Energy Vision

C’est vrai que le calcul est vite fait. "On s’occupe de tout. Tout ce que les Bruxellois doivent faire, c’est se rendre sur notre site. Ils indiquent leur adresse. Attention que cela ne s’adresse bien sûr qu’à ceux qui possèdent leur toit ou dont la copropriété est d’accord qu’on y place des panneaux. Une fois qu’on reçoit cette adresse, on analyse le potentiel du toit. Si l’ensoleillement paraît suffisant et que la lumière n’est pas gâchée par trop de bâtiments plus haut qui se trouveraient autour, on se rend sur place. On détermine alors le nombre de panneaux qu’on placera avec le client, on signe la convention et on lance la procédure. Il faut juste savoir qu’on ne réalise pas d’installation de moins de six panneaux. S’il n’y a pas la place ou une capacité de production suffisante, on renonce. Ces dernières années, tout était réglé et installé en un mois environ. Mais vu la demande actuelle, les délais seront un peu plus longs", explique encore Meghan Richil.

Pour Hassan Jmil, cela a duré "environ trois mois", affirme-t-il. Chez EnergyVision, Meghan Richil incite un maximum de Bruxellois à faire la démarche. "Il y a un énorme potentiel pour l’énergie solaire encore inexploitée dans la Région. Et n’oubliez pas qu’au bout de 25 ans, les propriétaires des toits deviennent propriétaires des panneaux qui produisent encore de l’électricité".

Reste à voir si les panneaux produiront encore suffisamment d’énergie à ce moment-là, alors que certains affirment que leur durée de vie serait inférieure à ce qui parfois annoncé. Mais, ça, c’est une autre histoire.

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