Les pieds ballants devant une structure en béton, Wijdan al-Majed apporte quelques touches ocre à la paupière du poète irakien Muzaffar al-Nawab. Accompagnant son portrait, des scènes de vie dans un village représentent des paysannes en habit traditionnel.
Ses pots de peinture sont empilés dans un cageot, les brosses et pinceaux de différentes tailles trempent dans l’eau. A leur passage, voitures, motos et tuk-tuks ralentissent pour observer la scène atypique.
"Le plus beau des Muzaffar !", hurle un conducteur taquin.
"On apporte de la joie à des lieux abandonnés", dit d’un air amusé l’artiste de 49 ans qui enseigne à la faculté des Beaux-Arts.
C’est la première expérience de street-art pour Wijdan al-Majed, plutôt habituée à exhiber ses aquarelles et ses peintures acryliques dans l’atmosphère feutrée des salons d’expositions, souvent fréquentés par les mêmes cercles.
Aujourd’hui son art est "ouvert à tout le monde, à toutes les catégories" sociales, s’enthousiasme l’artiste, jean et chaussures tachés de peinture. "Les artistes, les passants, les vendeurs ambulants, les jeunes et les moins jeunes".