C’est un procès inédit qui s’ouvre ce mardi matin devant la quatrième chambre du Tribunal de première instance francophone à Bruxelles : "L’affaire climat".
Plus de 62.000 citoyens belges, c’est une première, ont assigné en justice les gouvernements fédéral, flamand, bruxellois et wallon.
Leur objectif : forcer les autorités belges à respecter leurs promesses internationales en matière de climat, et donc de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
Six longues années de procédure avant le début d’un procès
L’action en justice a été introduite en 2015 par l’asbl Klimaatzaak, créée pour l’occasion. Six ans après, les débats vont enfin pouvoir s’ouvrir.
Un procès à la hauteur de ses enjeux : neuf jours de débats avec dix sessions de plaidoiries, et un collège de juges de trois personnes.
Agir d’urgence, c’est ce que réclament les citoyens qui sont joints à l’action.
Dans ce contexte sanitaire, ils ne pourront évidemment pas participer au procès. Raison pour laquelle ils ont mené, dimanche dernier, une centaine d’actions à travers le pays pour attirer l’attention sur cet évènement.
L’asbl Klimaatzaak et son équipe de juristes seront, eux, bien présents.
"C’est comme remplir une baignoire, il y a deux choses à atteindre. D’une part, on doit tout à fait fermer le robinet des émissions de CO2. Ça, c’est ce que l’on veut faire en 2050. Mais on veut le faire en évitant que la baignoire ne déborde", explique son président, Serge de Gheldere.
Un procès pour dépolitiser le débat, seul moyen d’avancer ?
Une affaire climat, il y en a déjà eu une aux Pays-Bas. Les autorités néerlandaises ont été condamnées en 2019, c’était alors une première internationale. Depuis, les gouvernements irlandais et français ont également été condamnés pour négligence en matière de politique climatique.
Aujourd’hui, Serge de Gheldere espère connaître le même succès : "Une décision en notre faveur pourrait dépolitiser l’affaire, rassembler tous les partis et tous les niveaux de gouvernement, et vraiment faire en sorte que la discussion évolue vers : 'Comment est-ce que l’on peut s’organiser ? Comment est-ce que l’on peut financer cela ? Etc.' On a vu que cela avait été le cas aux Pays-Bas, on espère que cela va être la même chose chez nous".
"Au niveau politique, c’est plein de gens de bonnes intentions, qui ont des visions, qui se rendent compte aussi que c’est important de mettre en œuvre cette transition", ajoute-t-il. "Mais quelque part, on a une structure tellement complexe… Tout le monde se renvoie la balle, etc. Et parmi certains politiciens il y en a encore cette idée, hélas, qui dit que si on impose une action climatique ambitieuse, dans la ligne de ce que la science demande, que cela va leur faire perdre une partie de leur électorat. Et ce n’est pas du tout vrai. Prenez l’exemple d’Anne Hidalgo à Paris qui a mis en place une politique extrêmement ambitieuse en matière de mobilité où la voiture n’est plus du tout la priorité, en février de l’année passée, elle a été largement réélue. Et c’est la même chose à Stockholm, etc.".
Le procès se tient jusqu’au 26 mars sur l’ancien site de l’OTAN à Haren.
La décision de justice ne sera pas connue avant l’été.