6 choses à savoir sur Victor Horta et l’Art Nouveau

Il y a d’autres grandes villes qui sont riches en Art Nouveau, Glasgow, Riga, Prague, Vienne, Budapest qui avait déjà un immeuble Art Nouveau en 1896. Mais la première construction Art Nouveau de Victor Horta date de 1892, il s’agit de l’Hôtel Tassel à Bruxelles.

À Paris il y avait Hector Guimard, mais lui, c’était un architecte qui était déjà reconnu et qui en 1895 est venu à Bruxelles pour rencontrer Victor Horta et découvrir son travail. Il est rentré émerveillé et s’est lancé dans l’Art Nouveau.

On lui doit notamment la première génération des entrées des stations de métro de Paris avec des arabesques très spectaculaires.

On peut parler de Gaudi à Barcelone qui lui était là dix ans avant Horta. Mais était-ce de l’Art Nouveau ? On dit toujours qu’on regarde un immeuble de Horta pour sa beauté et qu’on regarde un Gaudi pour sa folie. Le fait est que Gaudi est resté unique, qu’il n’a pas fait d’école, contrairement à Victor Horta.

Horta a influencé le monde entier en commençant par Bruxelles avec Paul Hankar, Van Rysselberghe, Benjamin de Lestré de Fabribeckers et Paul Saintenoy à qui on doit l’Old England devenu le musée des Instruments de musique. Donc Bruxelles est le berceau de l’Art Nouveau.

Le succès de l’Art Nouveau associe Victor Horta à la ville de Bruxelles, alors qu’en réalité, il est né à Gand en 1861. Fils de cordonnier, il a toujours dit qu’il avait été influencé par la méticulosité de son père, sa passion pour son métier et son amour du détail parfait.

La première vocation de Victor Horta c’était la musique, mais il s’est fait virer du Conservatoire à 12 ans, pour indiscipline. C’est alors qu’un oncle, qui était entrepreneur, l’a emmené sur un chantier. Et ça a été le, choc, la naissance d’une passion, d’une vocation pour Horta.

En 1880, à 19 ans, il s’installe à Bruxelles et s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts. Il est dans la même classe que Paul Hankar, un autre futur grand de l’Art Nouveau. Victor Horta est remarqué par un professeur, Alphonse Balat, qui le prend comme assistant. Balat, c’est l’architecture classique, il a construit des châteaux, des escaliers monumentaux. Et on lui confie la réalisation des Serres Royales de Laeken. Sur ce chantier, Horta, qui est donc son assistant, se retrouve en présence de tous les éléments qu’il va tant aimer : l’acier, le verre et les jeux de lumière.

Il y a d’abord eu Viollet-le-Duc, un architecte français amoureux du Moyen Âge. C’était un peu une mode à l’époque, on construit un peu partout des châteaux médiévaux comme, au 19e siècle. Avec des tours de ronde et des tours très nombreuses, en Alsace, il y a le Haut Koenigsberg, en Bavière, le château de Neuschwanstein.

Viollet-le-Duc va construire le château de Pierrefonds, près de Compiègne, à deux heures et demie de chez nous. Les tours sont rondes, ce n’est pas de l’Art Nouveau pour autant. Par contre, Viollet-le-Duc a aussi écrit des traités d’architecture où il incite les jeunes à oser sortir des voies classiques. À la même époque, on est en plein dans l’impressionnisme et Horta va d’ailleurs dire : “Je veux être le Van Gogh de l’architecture.”

Parmi ses influences, il faut aussi citer un Allemand, Ernst Haeckel qui est un biologiste. Mais il pratique aussi la peinture et ses toiles sont des reproductions agrandies de toutes les beautés qu’il a contemplées dans son microscope ou dans la nature. Des formes végétales, des micro-organismes et des coquillages. On a toujours dit que l’Art Nouveau s’inspirait de la beauté des coquillages.

Dans sa tête, Victor Horta rumine des idées audacieuses, il défend la courbe plutôt que la ligne droite. Son travail d’assistant de son professeur Balat l’introduit dans les milieux bourgeois de Bruxelles où il va disserter sur ses vues personnelles.

À 27 ans, Horta est admis dans une loge maçonnique, c’est là qu’il va rencontrer un scientifique, professeur d’université, Émile Tassel, et un ingénieur, Eugène Autrique et chacun va lui confier la construction d’un hôtel de maître. Ce seront les deux premières vraies maisons de Victor Horta, la naissance de l’Art Nouveau. La première se trouve avenue Paul-Émile Janson, pas loin de l’avenue Louise, et l’autre, la maison Autrique est sur la chaussée de Haecht, un peu plus loin que le Jardin Botanique.

Grâce à Tassel, Victor Horta va être présenté au grand industriel Ernest Solvay qui va multiplier les commandes : un tombeau familial au cimetière d’Ixelles, la transformation du château de La Hulpe et surtout, la construction d’un hôtel de maître au 224 avenue Louise. L’hôtel Solvay est un des quatre Horta inscrits au Patrimoine universel de l’Unesco.

Désormais, les commandes affluent, Horta va créer l’hôpital Brugmann, la Maison du Peuple, place Émile Vandervelde, qui a été détruite en 1965. Il se spécialise aussi dans la conception de grands magasins avec de vastes galeries d’où on avait vue sur les étages inférieurs. L’Innovation, incendiée en 1967, était de lui et aussi l’actuel Centre belge de la Bande dessinée qui, en 1903, avait été réalisé pour les grands magasins Waucquez.

C’est une expression qui vient de Bruxelles, il se pourrait que Horta, Hankar et les autres jeunes architectes concernés aient déjà utilisé l’expression entre eux, dans leurs conversations. Mais elle est publiée pour la première fois en 1894 dans un article consacré à l’architecte Henry Van de Velde dans une revue bruxelloise et elle sera reprise dans le monde entier et le plus souvent en français.

Horta a enseigné aussi, il a été professeur d’architecture à l’Université libre de Bruxelles. En 1913, il devient directeur de l’Académie des Beaux-Arts. Alors, arrive la guerre, en 1915, Horta part à Londres pour assister à un congrès et il lui est impossible de rentrer au pays. Il décide de s’en aller aux États-Unis.

C’est le contraire qui va se passer, au début, il donne des conférences sur l’Art Nouveau. Mais l’Amérique de l’époque ne vibre que pour l’Art Déco. Des longues lignes droites, des gratte-ciel, des intérieurs volumineux et Horta va se laisser séduire.

Pour ce qui le concerne, c’est la fin de l’Art Nouveau, le pape de l’Art Nouveau se met à préférer le style nouveau. Après son retour à Bruxelles, il va construire le Palais des Beaux-Arts et commencer la Gare Centrale que Maxime Brunfaut terminera après sa mort. Le plus célèbre architecte belge est mort à 86 ans, le 8 septembre 1947.

Victor Horta nous laisse plus qu’une œuvre puisqu’il a fait école. Il y a, autour de l’avenue Louise, à Bruxelles, un quartier riche en Art Nouveau avec neuf immeubles d’Horta et des autres, qui sont d’authentiques chefs-d’œuvre.

Et au 25 rue Américaine, vous découvrez le musée Horta, la vraie maison de Victor Horta que l’on visite, telle qu’elle était à l’époque de 1898 à 1919.