Hier soir, pour cette quatrième soirée de finale du Concours Reine Elisabeth, nous avons pu entendre un candidat russe de 29 ans, Sergei Redkin, étudiant à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth.
Sergei Redkin commence par l’imposé de Bruno Mantovani : "D’un Jardin féerique". Ce qui frappe tout de suite, c’est la connexion avec l’orchestre. La partition semble parfaitement découpée, on sent que Sergei Redkin sait où il va. Le ton est décidé, presque trop souvent sec.
Si les harmonies sont toujours là, on s’éloigne des références à l’esprit de Ravel qu’on a pu retrouver dans d’autres interprétations. Un jardin féerique qui fait plutôt peur.
Et puis : le contraste. Le thème du 1er mouvement du 3e concerto de Rachmaninov. Il y a une certaine tendresse. Cette musique, ce concerto, Sergei Redkin, Russe tout comme Rachmaninov, il la maîtrise à fond. Il reste bien ancré dans le moment et ne tombe pas dans des automatismes. Chaque phrase a un début et une fin. Rien n’est jeté. L’attention au chef et à l’orchestre est remarquable.
Le deuxième mouvement n’est que passion mais on ne décèle aucune trace de fragilité.
Enfin, le dernier mouvement est en force. On regrette que la palette de couleurs sonores ne soit pas plus large, on se serait bien assis par moments pour reprendre son souffle mais il n’en laisse pas le temps ! D’ailleurs il s’emballe - dommage ! – c’est la course avec l’orchestre.
Créativité, vitalité, pour cette finale, Sergei Redkin a tout donné, à sa manière, sans aucune retenue.